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« Biblis en folie » : le visage renouvelé des bibliothèques

La 2e édition de Biblis en folie du 3 au 5 octobre 2025 - Photo

« Biblis en folie » : le visage renouvelé des bibliothèques

La 2e édition de « Biblis en folie » s’est déroulée dans toute la France du 3 au 5 octobre. Sous la houlette du ministère de la Culture, l’événement a très largement mobilisé les bibliothécaires.

En fin de semaine dernière se tenait la deuxième édition de Biblis en folie organisée par le ministère de la culture. Cette initiative a su mobiliser les équipements partout en France (y compris hors de métropole) puisque le site dédié à l’opération en recense 2 897 (comme la date est passée, il ne présente désormais plus les animations proposées). Cette opération a le mérite de donner à voir le visage renouvelé des bibliothèques comme le Québec le fait depuis 27 ans lors de la Semaine des bibliothèques. C'est aussi l'occasion de saisir le visage des bibliothèques.

Elles sont partout...

La présentation sous forme cartographique permet de prendre la mesure de la dispersion des bibliothèques sur le tout le territoire national. Bien sûr les grands établissements prennent largement part à cette opération mais on observe aussi le maillage du territoire national avec des petites bibliothèques dynamiques. Dans toutes les régions, loin des métropoles, bénévoles et professionnels ont à cœur de donner à voir leur action et leur accueil. Nous ne sommes plus dans la situation d'avant les années 1980 quand les bibliothèques étaient encore rares et qu'il y avait fort à faire pour construire un vaste réseau d'établissements. 

On peut même observer une forme de sous-représentation de l'Île-de-France par rapport aux autres régions. On y recense 467 actions alors que la région Centre-Val de Loire en proposait 714 pour une population nettement moins élevée. Peut-être peut-on y voir une difficulté plus grande des bibliothèques franciliennes à se faire une place dans le panorama d’une offre culturelle plus dense que dans des zones moins métropolitaines. Cela conforte l'idée que, dans bien des endroits, les bibliothèques occupent une place centrale dans la vie culturelle de leur territoire.

L'évidence de la gratuité

Plus de 95 % des actions recensées étaient d'accès gratuit. Cette évidence marque pleinement l'adhésion des collectivités et des professionnel(le)s à cette conception du service public. L'article 3 de la loi Robert de 2021 annonçant la gratuité de l'accès aux bibliothèques et à la consultation des collections trouve une confirmation. Ce critère constitutif de la lecture publique n'est pas pris en défaut y compris pour des activités ou des spectacles.

L'écueil du dimanche

Contrairement à la première édition qui était concentrée sur le samedi et le dimanche, cette année les événements ont démarré dès le vendredi. C'était une demande des bibliothécaires et cela se confirme dans l'examen de la répartition des actions entre les trois jours. On identifie 632 événements le vendredi (21%), 2196 le samedi (71%) et 232 le dimanche (8%). 

En revanche, le dimanche ne pèse pas beaucoup dans cette répartition. L'ouverture du dimanche qui est un vaste et ancien débat n'est toujours pas devenue une évidence. Il s'agit bien d'une exception là où demeure pourtant un moment de disponibilité des publics potentiels. La « folie » des bibliothèques n'est pas allée jusqu'à ce franchissement de frontière. Il ne s'agit pas d'incriminer particulièrement la profession car cette situation tient à un ensemble d'acteurs (collectivités, État, formation, etc.). Il reste que cela n'en demeure pas moins une anomalie quand on compare les bibliothèques françaises à leurs homologues et quand on se met à la place des publics.

Une folie modérée

Mais qu'est-ce donc que la folie annoncée des bibliothèques ? L'analyse des événements montre qu'une large place est accordée à des situations qui donnent à voir des créateurs aux publics. Qu'il s'agisse d'auteurs (principalement), de musiciens ou autres, il s'agit d'une folie bien sage accordant aux publics une position de spectateur. Cela ne remet pas en cause fondamentalement l'ordre social avec une bibliothèque en position de médiation.

Et le livre et la lecture dominent très largement les propositions, que ce soit à travers des clubs de lecture ou des rencontres avec des écrivains. Bien sûr que les bibliothèques sont des lieux de lecture mais elles sont loin de se réduire à cette activité et la folie, qui suppose une forme de transgression, n'est pas beaucoup au rendez-vous quand elle donne à voir l'évidence de la norme et du cliché. 

Mais ce constat ne doit pas occulter la présence de propositions plus originales. On recense 398 événements dans la rubrique « jeux/quizz ». Les usagers sont parties prenantes de l'événement. La bibliothèque s'accorde avec la demande grandissante pour le jeu et ses fonctions de socialisation. Elle contribue à construire la collectivité par ses membres.

Brunch, rencontre et chasse au trésor

Et parmi l'abondante offre, on trouve aussi des idées originales (folles ?) comme un brunch participatif le dimanche à Senlis (Oise), une séance Incroyable talent à Landévant (Morbihan), une rencontre avec un boulanger à École (Savoie), une table ronde autour des métiers du textile dans le Cambrésis à Féchain (Nord), une chasse au trésor One Piece à Bordeaux Mériadeck pour les ados ou encore un atelier de fabrication de perles de papier à Saint-Denis de la Réunion.

Les bibliothèques ont donc fait la fête. Il resterait à voir quel impact cela a pu avoir sur les publics et encore plus sur les publics potentiels qui pour l'instant n'ont pas pensé que les bibliothèques étaient à même de les intéresser. 

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