Privée de librairie depuis un peu plus d’un an, Saint-Genis-Laval, commune de 21 000 habitants située dans l’ouest de la métropole lyonnaise, a retrouvé un lieu dédié à la lecture grâce à Magali Bacquet. Ancienne enseignante et formatrice en terminologie médicale, celle-ci a ouvert Au temps suspendu à la mi-septembre. Très appréciée de la population, la nouvelle librairie a rapidement noué des liens étroits avec les commerces de proximité, s’imposant déjà comme un acteur essentiel de la vie locale.
« Les livres m’ont toujours habitée, et ce projet me trottait dans la tête depuis longtemps. J’ai seulement attendu que mes enfants deviennent autonomes pour réaliser ce rêve, qui sera sans doute la dernière étape de ma carrière », raconte celle qui, lorsqu’elle enseignait encore, agrémentait volontiers ses cours de littérature, et même de bande dessinée.
Un manque culturel à combler
Il aura donc fallu un an à Magali Bacquet pour concrétiser son projet. Formée par Book Conseil, et après quelques stages en librairie, la fondatrice d’Au temps suspendu s’est ensuite attelée à la création de son entreprise. Épaulée par son conjoint, elle a donc mené une étude de marché et rédigé son premier business plan, en réponse à un appel lancé par la municipalité, désireuse d’attirer de nouveaux porteurs de projets pour redynamiser la ville.
« Saint-Genis-Laval est une commune de 21 000 habitants, sept établissements scolaires et une grande médiathèque. Les clients étaient très frustrés à la fermeture de l’ancienne librairie. Cela a provoqué un véritable manque », explique la libraire. À l’issue de nombreuses recherches, elle parvient à dénicher un local privé, laissé vacant depuis la fermeture du commerce précédent.
Pendant l’été, elle entreprend quelques travaux avec l’aide d’artisans locaux, avec lesquels elle tisse un profond lien de solidarité. Grâce à ces aménagements, la librairie revendique aujourd’hui 65 m² de surface commerciale, divisée en deux espaces. L’un consacré à la littérature, française et étrangère, ainsi qu’au pratique et aux sciences humaines et sociales. Le second dédié à la jeunesse et à la bande dessinée et « amené à s’étoffer », tant l’enthousiasme des lecteurs est fort.
Un lieu culturel au cœur de la vie locale
À l’écoute de sa clientèle, Magali Bacquet a récemment lancé un rayon en version originale, « essentiellement anglophone, mais aussi avec un peu d’espagnol et d’italien » et s’apprête à ouvrir, à la demande de la paroisse voisine, un espace consacré à la religion.
Aujourd’hui, la librairie Au temps suspendu dispose de quelque 5 000 références. Pourtant, sa fondatrice se souvient avoir ouvert les portes de son enseigne avec un stock bien plus modeste. « Je voulais tester la population, écouter ses conseils et ses besoins », argue-t-elle. Une approche qui n’a pourtant pas freiné le succès de l’inauguration. « Au bout de 15 jours, j’animais la rentrée littéraire à la médiathèque avec neuf titres », se réjouit Magali Bacquet, heureuse de ce travail main dans la main avec la collectivité.
« En entrant dans une librairie, le temps s’arrête »
Et le nom de l’enseigne ? Un clin d’œil à Proust ? « Pas complètement, commente la patronne. J’ai surtout pensé à ces moments où, en entrant dans une librairie, le temps s’arrête. Pour moi, la librairie est un sas. J’ai toujours voyagé à travers les livres, qui m’ont d’ailleurs souvent aidée à trouver les réponses à mes questions. »
Sans idéaliser son métier, qu’elle considère avant tout comme « un commerce », Magali Bacquet souhaite toutefois faire d’Au temps suspendu un acteur socioculturel majeur de la ville. Pour cela, elle prend donc le temps d’échanger avec ses clients et prévoit la création de deux clubs de lecture : l’un thématique, limité à une douzaine de participants et organisé un jeudi par mois ; l’autre destiné aux adolescents.
