Une nouvelle librairie dans la capitale. Après avoir longtemps travaillé dans d’autres enseignes, Mehdi Arhab Baltasar, libraire de formation, donne enfin naissance à son propre projet. Baptisée La Zone, la nouvelle boutique ouvrira ses portes début novembre dans le XIVᵉ arrondissement de Paris.
Formé il y a près de huit ans à l’Institut national de formation des librairies (aujourd’hui l’École de la librairie à Maisons-Alfort),Mehdi Arhab Baltasar a fait ses armes dans un espace culturel E. Leclerc au Blanc-Mesnil, puis au sein d’un magasin Gibert, avant de devenir représentant pour les éditions Sedrap. Il a ensuite rejoint La Malle aux histoires à Pantin, où s'est confirmé sa vocation. En 2023, il a participé à l’ouverture de la librairie Hello, dans le XIXᵉ arrondissement de la capitale.
« Après cette aventure, j’ai eu besoin de faire une pause durant laquelle j’ai énormément lu, mais, cette fois, sans être assailli par les injonctions de la rentrée littéraire », raconte le natif d’Aubervilliers. Ce temps de recul, long de huit mois, débouche sur une évidence : ouvrir sa propre enseigne. « Un matin de février 2025, j’ai décidé d’ouvrir ma librairie. J’ai donc appelé ma meilleure amie, Maryame Arjdal, avec qui on échangeait des bouquins quand on était ados, pour qu’on s’associe sur ce projet », poursuit-il.
Un local de 43 m² rue Didot
Pendant plus d'un an, le libraire banlieusard a donc multiplié les échanges, saisissant toutes les opportunités : un appel d’offres à Chilly-Mazarin dans l'Essonne, une librairie anglophone dans le VIe, l’ancienne enseigne des PUF dans le VIe. Des pistes infructueuses, mais qui ne sont jamais venues à bout de la détermination de Mehdi Arhab Baltasar, peu enclin à baisser les bras.
« Quand j’étais petit, j’avais des difficultés pour lire. Je venais de la banlieue, j’ai redoublé mon CE1 et j’ai vraiment découvert les livres en allant à la bibliothèque d’Aubervilliers. C’est là que j’ai commencé à aimer à lire, que le livre est devenu un compagnon », se souvient ce dernier. Pas question, donc, de renoncer. Quelque temps plus tard, le duo finit par mettre la main sur un local de 43 m². Une ancienne cave à vin située rue Didot, dans le XIVe arrondissement de la capitale, et entièrement rénovée par Paris Commerces.
« Tous les refus nous ont conduits à ce local dont nous sommes très contents »
« On est arrivé au bon moment : tout était refait, il ne nous restait plus qu’à aménager et poser le sol », explique le libraire qui a financé le projet grâce à ses fonds propres, complétés par un prêt bancaire, et qui savoure désormais pleinement son installation. « Finalement, je crois que tous les refus nous ont conduits à ce local dont nous sommes très contents », se réjouit-il.
Le nom de la librairie, La Zone, s’est quant à lui imposé comme une évidence : un nom court, urbain et symbolique pour une librairie qui entend réconcilier les marges et le centre, prouvant que la lecture n’a aucune frontière. « On vient tous les deux d’Aubervilliers. Le mot “zone” est souvent péjoratif, mais j’ai toujours refusé cette marginalisation. Je viens de la zone, et je viens dans la capitale avec mes bagages de là-bas », revendique Mehdi Arhab Baltasar.
Ainsi, La Zone ne se veut pas seulement un lieu de vente, mais aussi un espace d’échanges autour des livres. Le libraire prévoit de lancer un club de lecture, « Les Zonards », ouvert aux adultes, peut-être aux jeunes lecteurs aussi, et d’organiser des rencontres à raison d’un événement par mois. « L’idée, c’est de discuter des livres, mais aussi d’inviter des éditeurs ou directeurs de collection pour présenter leurs catalogues », explique-t-il. Avec son associée, il souhaite également participer à des salons : « Ça fait un an qu’on travaille de manière assez isolée, on a besoin de rencontrer des gens ! », ajoute-t-il.
« Ne pas oublier d’où l’on vient »
Côté contenu, la librairie se veut évolutive, en fonction des besoins des habitants du quartier. « Ce sont eux qui vont définir notre ligne éditoriale », argue le libraire, tout en posant les premiers jalons d’une identité tournée vers l’écologie, les sciences humaines et sociales, et vers une offre jeunesse solide. « On est prêts à être généralistes, très famille, mais avec quelques petits éditeurs, pour ne pas oublier d’où l’on vient », ajoute-t-il. À terme, près de 6 000 références viendront garnir les étagères de La Zone. En attendant les dernières livraisons, l’ouverture se fera avec une offre appelée à s’étoffer semaine après semaine.