Au Québec, où le ministère de la Sécurité publique prévoit une décrue à partir de mercredi 10 mai, mais où près de 2000 personnes ont été évacuées et où une dizaine de villes, dont Montréal, ont déclaré l'état d'urgence, "à ma connaissance, aucune librairie n'est inondée", indiquait, mardi 9 mai, Katherine Fafard, directrice générale de l'Association des libraires du Québec. Sur la quinzaine de librairies contactées par Livres Hebdo dans la zone située entre les villes de Montréal et de Gatineau, où de nombreuses habitations ont été dévastées par les eaux, pas une ne déplorait de dégâts, de baisse de fréquentation dus aux fermetures de route ou de problème d'approvisionnement, la plupart étant suffisamment éloignées des rivières qui ont débordé ces derniers jours.
La bibliothèque d'Oka, seule victime des inondations
Plusieurs municipalités ont en revanche ordonné la fermeture de leurs bibliothèques. Sur l'île de Montréal, la bibliothèque de Pierrefonds, à l'ouest, a été fermée dès le 7 mai "jusqu'à nouvel ordre", sans que la ville ne donne de plus amples renseignements. Selon Eve Lagacé, la directrice générale de l'Association des bibliothèques publiques du Québec, la bibliothèque était "entourée d'eau", mardi après-midi, "mais on ne sait pas encore s'il y a des dégâts", a-t-elle indiqué.
La ville de Gatineau ayant été particulièrement affectée par les crues, la municipalité a fermé toutes les annexes du réseau de bibliothèques publiques de lundi à mardi pour éviter aux employés d'avoir à se déplacer et d'engorger les réseaux routiers. "Les bâtiments sont intacts", assure la mairie, qui prévoit une réouverture complète ce mercredi. Les bureaux de Bibliothèque et archives Canada au Québec, situés dans la même ville, ont également été fermés, tandis que ceux d'Ottawa, dans l'Ontario voisin, sont restés ouverts, selon un communiqué publié mardi.
Oka, petite ville de la région des Laurentides, a eu moins de chance. La bibliothèque municipale, située au sous-sol de la mairie, a été entièrement inondée dans la nuit de samedi à dimanche. "Tout est à refaire, mais il ne serait peut-être pas judicieux de réinstaller la bibliothèque à cet endroit", analysait mardi le maire de la commune, Pascal Quevillon, tout en se félicitant d'avoir déplacé et sauvé tous les livres la nuit précédant la crue.
A Rigaud enfin, qui fait partie des villes inondées très tôt, la bibliothèque est restée intacte mais s'est transformée, dès le 20 avril, en Centre d'accueil ouvert de 7h à 23h pour les sinistrés, à l'initiative de Véronique Cunche, la directrice du service des loisirs. "Nous avons mis en place une cohabitation, avec le comptoir de prêts juste à côté du compoir d'accueil, où les personnes évacuées, souvent déboussolées, peuvent prendre un café et trouver un soutien psychologique." Les trois bibliothécaires se sont naturellement joints aux équipes de bénévoles déployées sur place. Véronique Cunche promet que la porte de la bibliothèque restera ouverte tant que les sinistrés en auront besoin.