Les perspectives pour la fin de l’année ont été jugées tout aussi inquiétantes, avec une progression d’activité prévue dans une fourchette de + 7 à + 18 %, relativement basse par rapport aux performances antérieures, et un déficit possible pouvant aller jusqu’à - 570 millions de dollars. Le quatrième trimestre est habituellement le meilleur du groupe.
Sur la période juin-septembre 2014, la progression des ventes aux Etats-Unis (+ 25 %) est plus dynamique qu’à l’international (+ 14 %). Alors que la holding luxembourgeoise qui contrôle les filiales européennes d’Amazon engrange des bénéfices sans payer d’impôt, le résultat opérationnel international affiche un déficit de - 224 millions de dollars, contre - 24 millions de dollars en 2013. Le groupe explique cette situation par un rythme d’investissement toujours très élevé dans le monde. A 972 millions de dollars, les frais nets de livraison de marchandises évoluent au même rythme que le chiffre d’affaires et restent au même niveau de charges (4,7 % du CA).
A 5,2 milliards de dollars (4,1 milliards d'euros), le segment médias, le plus ancien d’Amazon et qui comprend les ventes de livres, affiche la progression la plus faible, à 4,8 % aux États-Unis, la plus basse des performances depuis plus de 5 ans. Le site de vente en ligne l’attribue au marché des manuels universitaires, très chers aux États-Unis, mais qui passe de l’achat à un service de location. A l’international, la hausse est encore plus faible, à 3,54 % (avec l’impact de l’effet de change). La période correspond aussi à la médiatisation de la querelle avec Hachette Book Group aux États-Unis, et avec Bonnier en Allemagne, qui a entraîné de nombreux commentaires négatifs pour l’image d’Amazon.
Le fisc français
Le paragraphe des différends avec diverses administrations fiscales dans le monde s’enrichit de quelques lignes : « la Commission européenne a ouvert une enquête formelle pour vérifier si les dispositions fiscales prises par le Luxembourg concernant l’impôt sur les sociétés de certaines de nos filiales sont conformes avec les règles de l’Union sur les subventions publiques. Si cette question est tranchée dans un sens défavorable, le Luxembourg pourrait être contraint de réviser son évaluation, et nous pourrions devoir régler des sommes supplémentaires pour les exercices actuels et précédents, et notre taux d’imposition pourrait augmenter à l’avenir », indique le rapport trimestriel dans sa note aux actionnaires.
Amazon semble étrangement peu combatif sur ce nouveau dossier, alors qu’il affirme toujours son intention de contester « vigoureusement » le redressement de 250 millions de dollars (198 millions d'euros) que le fisc français lui a signifié en 2012. La note laisse toutefois entendre que des discussions sont en cours, et pourraient aboutir à une « proposition de révision de notre impôt », que « nous n’avons cependant pas encore reçue ».