28 avril > Essai Etats-Unis

On prend les mêmes, ou presque, et on recommence. Soyez à nouveau les bienvenus dans le plus terrifiant et merveilleux des pandémoniums du siècle dernier, cabinet de curiosités et petite boutique des horreurs : Hollywood. Chacun y trouve ce qu’il vient y chercher, de la romance et toutes sortes de perversions. C’est cet envers de "l’usine à rêves", décrit, avec la minutie d’un greffier immoral, qui fit tout le prix d’Hollywood Babylone, de l’icône du cinéma expérimental, Kenneth Anger. Ce fascinant recueil de ragots, reportage "embedded" au cœur de Sodome et Gomorrhe avait été initialement commandé à l’auteur par Jean-Jacques Pauvert et joliment réédité voici trois ans par Tristram. On sait moins, de par chez nous, qu’Anger, en proie à la dèche, s’était résolu dans les années 1980 à écrire et publier aux Etats-Unis une "suite" à son chef-d’œuvre tordu. Celle-ci, comme le prouve cette édition française qui nous arrive enfin, ne concède rien en noirceur et en turpitudes au tome 1. Tout juste pourra-t-on noter cette fois-ci chez l’auteur, qui au fond parle autant de son enfance que de crimes, délits, adultères et autres facéties, comme l’ébauche d’une mélancolie.

Dans la très belle et troublante préface du volume, Anger tombe en partie le masque, avouant que ces pages sont avant tout une promenade avec la mort, une traversée de la nuit. Ce qui n’empêche nullement de trouver "divertissantes" les coucheries de Joseph Kennedy avec Gloria Swanson, la révélation de l’homosexualité de circonstance de Clark Gable, la confirmation du voyeurisme du gros Alfred Hitchcock, les dépressions de Busby Berkeley ou le masochisme de James Dean, entre autres théories d’horreurs. Ni d’ailleurs de s’interroger sur le fait que ces révélations, loin de détruire le mythe, finalement le renforcent. O. M.

15.04 2016

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