« Il y a longtemps, je croyais tout savoir sur l’écriture. Maintenant je ne sais plus rien. » Le Man Booker Prize tasmanien Richard Flanagan aime passer d’un style à l’autre. Son chef-d’œuvre, La route étroite vers le nord lointain (Actes Sud, 2016), l’a imposé comme un auteur majeur. Ici, il prend le contre-pied à travers un héros voulant devenir écrivain.

Kif ne manque point d’idées. Mais face à sa feuille blanche, il se heurte au néant. Pourquoi ce blocage?? Il se met la pression, d’autant que sa femme attend des jumeaux. Son éditeur lui propose d’écrire la biographie de Siegfried Heidl. Or, « la vérité a besoin de mensonges pour qu’on puisse la saisir. » Comment portraiturer le plus grand escroc australien??

A force de se dérober à lui, Heidl le vampirise et le pervertit. « Ça peut nous arriver à tous. De perdre une partie fondamentale de soi. Et on ne peut plus la récupérer. Jamais. » Rongé par la lâcheté et les doutes, le personnage se perd dans ses limbes. Même l’amour n’assure plus un filet de sécurité. Sarcastique, voire diabolique, Richard Flanagan flingue le monde littéraire. « Il avait peur de la littérature. Les gens y trouvent des révélations stupéfiantes sur eux-mêmes. Vivre nous terrifie. » Qui a le mode d’emploi??