"Depuis quelques temps, nous nous demandons ce que nous pouvons faire pour sensibiliser les lecteurs à notre situation, pour ne pas laisser croire que les librairies indépendantes peuvent vivre si les gens soutiennent un site comme Amazon", explique Brian Spence, directeur et fondateur d’Abbey Bookshop. "L’idée est aussi que les gens se reconnaissent entre eux comme faisant partie d’un groupe qui est prêt à payer un peu plus cher pour préserver la liberté à l’intérieur de l’industrie du livre", poursuit-il.
D’après le communiqué, "prêter le "Serment des Indépendants", c’est s’engager à ne pas acheter de livres chez Amazon et ses succursales, et à privilégier les librairies indépendantes à d’autres sources. En échange de ce serment, les clients bénéficieront de la remise légale maximum (5 %) entre autres avantages, ainsi que de l’aide dans leur recherche d’alternatives à Amazon". Une fois le serment accepté, chaque membre reçoit une petite carte certifiant son accord.
Si l’initiative a reçu de nombreux soutiens, notamment outre-Atlantique avec la librairie Clinton Book Shop dans le New Jersey, certains se sont défilés, craignant des représailles de la part du cybermarchand. Ainsi, lorsque Brian Spence a proposé à un ami auteur d’adhérer au serment, celui-ci a refusé, expliquant que cela pouvait avoir des conséquences sur la mise en valeur de ses ouvrages sur le site marchand.
"Au début, Amazon était une bénédiction, il a démocratisé l’industrie du livre. Mais désormais, au lieu de libérer l’accès aux livres, il le rend plus difficile et essaye par ailleurs d’avoir une mainmise sur les éditeurs", estime Brian Spence en citant le conflit qui oppose toujours le géant de la vente en ligne à Hachette aux États-Unis. Pour le libraire, c’est non seulement la survie des commerces de proximité qui est en jeu – le nombre de librairies dans le Quartier latin est par exemple passé de 225 à 110 entre 2000 et 2012 – mais aussi la diversité et l’intégrité du marché du livre. Et de conclure : "Non, Amazon n’est pas indispensable, il y a tout un travail d’éducation à faire sur les alternatives existantes".