Alors qu'un nouveau prestataire doit être choisi pour l'édition 2028 par l'association du FIBD, la société 9e Art+, qui gère le festival depuis 2007, « est donnée favorite pour remporter l'appel à projets et s'autosuccéder », selon les informations de L'Humanité.
Si le nom du vainqueur doit être officiellement dévoilé le 8 novembre prochain, cette annonce a provoqué ce mardi l'ire de nombreux auteurs et éditeurs. En avril, plus de 2 000 d'entre eux avaient déjà appelé au boycott de cette manifestation minée par divers dysfonctionnements (plainte pour viol, management toxique, soupçons de népotisme, dérive marketing).
Candidatures alternatives
D'autres candidatures solides existent pourtant. Parmi les noms les plus fréquemment cités en coulisses figure celui de Céline Bagot, la fondatrice du Pop Women Festival, selon nos informations. La Cité de la BD, réputée pour ses impressionnantes expositions, va aussi participer à l'appel d'offres. Mais la mainmise sur l'événement de Franck Bondoux, le délégué général de 9e Art+, reste forte. Celui qui a prévu de se mettre en retrait après l'édition de 2027 peut compter sur le soutien indéfectible de l'Association du FIBD, seule décisionnaire de l'avenir du festival.
Les signaux d'une reprise en main par 9e Art+ étaient déjà présents ces derniers mois. Si plusieurs figures du milieu se sont mobilisées au printemps pour décrocher la direction artistique, c'est Clémentine Hustin, alliée de Franck Bondoux et chargée de la production du festival entre 2019 et 2023, qui a obtenu le poste. Poste où se sont déjà succédé une demi-douzaine de personnes depuis 2020.
Retrait du Snac
Autre signe révélateur de la crise profonde du FIBD : dénonçant le refus de l'association du FIBD « d'intégrer une personnalité qualifiée, garante de neutralité, au processus de mise en concurrence », le Syndicat national des auteurs et des compositeurs (Snac) a annoncé ce mardi qu'il claquait la porte de l'Association pour le développement de la BD à Angoulême (ADBDA).
De leur côté, plusieurs syndicats et organisations d'auteurs (Ligue des auteurs professionnels, STAA CNT-SO, Collectif des Créatrices de BD contre le sexisme) ont réaffirmé leur appel au boycott tant que le festival ne serait pas « sûr et inclusif ». Divers éditeurs comme L'Association, 6 pieds sous terre et Même Pas Mal ont aussi fait savoir qu'ils ne feraient pas le déplacement en Charente.
Même Anouk Ricard, sacrée Grand Prix en janvier dernier, a renoncé à participer à la prochaine édition et à l'exposition qui devait lui être consacrée, comme le veut la tradition. « C'est un choix personnel, réfléchi, en accord avec mes convictions et en soutien aux voix qui demandent un changement et qui appellent au boycott », a insisté la dessinatrice sur son compte Instagram.
Une décision largement soutenue par ses pairs, de Catherine Meurisse à Jul Maroh en passant par Julien Neel, Lewis Trondheim ou encore Pénélope Bagieu et Jean-Christophe Menu. « Bravo ! C'était une décision difficile et j'imagine que tu t'es bien pris la tête avec ça », a notamment salué Sophie Guerrive sur le réseau social. Une gronde annonciatrice d'un festival sans auteurs ni autrices ?
Sollicitée par Livres Hebdo, Delphine Groux, présidente de l’Association du FIBD, propriétaire du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, n'a pas donné suite à nos demandes.
Mise à jour 14h20 : L’Association FIBD réaffirme l’égalité de traitement entre les candidats
Dans un communiqué diffusé mercredi 15 octobre, l’Association FIBD dénonce les « nombreuses contrevérités » des articles parus dans la presse et sur les réseaux sociaux concernant la mise en concurrence lancée par l’Association FIBD relative à la désignation d’un organisateur du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême à compter de l’édition 2028.
Ces articles « reprennent une fois de plus des situations non prouvées, et avec des erreurs grossières », indique notamment le communiqué. « On y retrouve également l’idée insultante selon laquelle le résultat de cet appel à projet serait déjà acquis ».
En réponse à ces accusations, l’Association FIBD réaffirme « avec la plus grande fermeté », à la fois « l’égalité de traitement » entre les différents candidats et sa volonté de mener à son terme le processus de sélection en trois temps : clôture des candidatures le 17 octobre, soutenance de trois candidats au maximum le 31 octobre, désignation du lauréat le 8 novembre.
L’Association termine son communiqué en formant le vœu « qu’au terme de la mise en concurrence, la structure organisatrice retenue puisse dialoguer sereinement avec tous les intervenants contribuant à la réussite du Festival car, nécessairement, la réussite et l’avenir de l’événement ne sauraient résulter d’autre chose que d’une démarche collective. »