L’idée naît dans l’esprit de la libraire Marie-Eve Blais, durant l’été 2015, lorsqu’elle réalise qu’un pamphlet de Virginia Woolf est rangé dans la section roman, et non essai.
Après une réflexion sur les réseaux sociaux, le collectif L’Euguélionne est créé. Il réunit cinq femmes et un homme. Contactés par courriel par Livres Hebdo, ils affirment avoir "tous milité au sein de groupes ou collectifs féministes" et ont "toutes et tous un fort intérêt pour la littérature".
Un milieu "encore très masculin"
En mars 2016, le collectif lance une campagne de financement participatif qui permet de recueillir près de 40000 dollars canadiens (environ 28000 euros). La librairie consacrée aux femmes peut ouvrir pour combler "un manque flagrant de la présence et de reconnaissance des femmes en librairie", les textes féministes étant "souvent relégués aux départements d'études féministes ou à l’oubli, comme si penser les réalités des femmes n'était pas universel".
Le collectif dénonce un milieu littéraire "encore très masculin" qui laisse mourir "dans l’œuf" les ouvrages des femmes en ne présentant pas les titres féministes et en ne les rééditant pas.
Pour l’heure, près de 3000 références sont en boutique avec des ouvrages allant de Simone de Beauvoir à Leïla Slimani, en passant par Nicole Brossar ou encore Hannah Arendt. La librairie veut posséder un large stock de titres, en français et en anglais, "de la littérature des femmes, LGBT, érotique, des classiques, des contemporain, des bandes-dessinées, des livres jeunesses, des essais, etc".
Un lieu de rencontres et de réflexion
L’Euguélionne n’ambitionne pas d’être une simple librairie. Elle se veut lieu de rencontre en proposant des cafés et des événements. "Le milieu féministe est encore un terrain de plusieurs tensions. Nous pensons qu'un lieu de réflexion ou des ouvrages portant différentes visions du féminisme permettra un dialogue plus riches", affirme le collectif.
Dans son agenda : un festival d’ouverture du 3 au 10 février réunissant des éditrices, des auteures ou encore des habitantes du quartier où elles sont installées.