Elle se prêtait à l'exercice pour la première fois depuis sa prise de fonction : inaugurant jeudi 19 mars à 18 heures le 35e Salon du livre, qui se tient du 20 au 23 mars, porte de Versailles, Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, a arpenté pendant près de deux heures les allées du Salon, encadrée par le président du Syndicat national de l'édition, Vincent Montagne et par le commissaire général de la manifestation, Bertrand Morisset.
"Je peux avoir le Fred Vargas ?"
Se prêtant volontiers à quelques photos souvenirs et aux rencontres avec les principaux éditeurs et certains de leurs auteurs, la ministre, tout sourire, n'a pu éviter les grands sujets agitant le monde de l'édition. "C'est embêtant, cette histoire de TVA", lui a fait remarquer Serge Eyrolles, sur son stand, tandis que Fleur Pellerin l'assurait de son soutien face à la Commission européenne. Sur le stand de la Société des gens de lettres, elle s'est fait offrir un badge "Pas d'auteurs pas de livres", en référence à la mobilisation des auteurs prévue samedi.
D'un stand à l'autre, la ministre a eu un petit mot pour chacun des éditeurs rencontrés, qui se sont fait un plaisir de lui offrir leurs dernières parutions maisons. En France, de Florence Aubenas chez L'Olivier, Les Tudors chez La RMNGP... C'est finalement le bel album Enfances de Sempé qui aura raison des forces du porteur de sac de la ministre, qui a laissé échapper en riant "je préférerais des livres de poche". A Antoine Gallimard, c'est le dernier Fred Vargas que Fleur Pellerin a réclamé d'un "je peux l'avoir celui-ci ?" qui a fait sourire le cortège. Profitant d'un moment de flottement du service de sécurité, un jeune auteur parviendra, lui, à faire une photo avec la ministre, non sans lui avoir glissé son ouvrage entre les mains. La chance du débutant.
Si la plupart des éditeurs ont évoqué un bon début d'année pour le marché du livre, l'actualité a également fait réagir, certains professionnels rappelant qu'en ce début 2015 marqué par les attentats à Charlie Hebdo, les lecteurs avaient afflué dans les librairies avec le besoin de comprendre grâce au livre.
Sur le bel espace réservé au Brésil, pays invité de cette édition, Fleur Pellerin a pu découvrir la vitalité de l'édition brésilienne avec le ministre de la Culture Juca Ferreira comme guide. Cela a été pour elle l'occasion de rappeler l'attachement de personnalités françaises telles que Claude Levi Strauss ou Georges Bernanos à la littérature brésilienne avant d'assurer Juca Ferreira de l'amour des Français pour des auteurs comme Paulo Coelho ou Ana Maria Machado. "Nous partageons une même ambition pour le livre, facteur d'émancipation social", a-t-elle souligné.
La France solidaire de la Tunisie
La ministre de la Culture a pris le temps de faire une pause au stand du CNL afin d'évoquer devant la presse son programme pour le livre en 2015. "
J'ai l'intention de mettre en place dès cet été une grande fête de la littérature jeunesse, dont les contours seront annoncés en avril. Je veux ramener les jeunes qui ne partent pas en vacances vers la lecture", a annoncé Fleur Pellerin. Autre sujets brûlants évoqués par la ministre, son combat pour la défense des droits d'auteurs, ainsi que l'incontournable TVA numérique : "
Une œuvre est une œuvre, qu'elle soit numérique ou physique", a rappelé la ministre, avant de rappeler qu'elle vient de signer
une déclaration conjointe avec plusieurs pays européens pour réclamer que la Commission revienne sur sa décision.
Pour la dernière étape de son marathon, Fleur Pellerin a tenu à se rendre sur le stand de la Tunisie, 48 heures après l'attaque terroriste devant le musée du Bardo de Tunis qui a fait 21 morts le 18 mars. "Au Mali, en Irak, en Syrie mais aussi en Tunisie, la culture est l'ennemi numéro 1 des terroristes", a-t-elle déclaré après avoir assuré les éditeurs tunisiens de la solidarité française envers la Tunisie.