La vidéo promotionnelle, intitulée "Perrea un libro", met en scène le chanteur panaméen Baby Killa et le producteur mexicain Dj Chango, spécialistes du son "perreo", réputé pour le contenu machiste et cru de ses chansons et sa danse associée qui consiste à mimer un acte sexuel en se frottant littéralement à l'arrière-train de sa partenaire.
L'initiative présentée par la Unam comme une capsule test pour promouvoir la lecture auprès des jeunes a provoqué une levée de bouclier au Mexique. Depuis sa publication sur internet le 31 mars dernier, la polémique n'a cessé d'enfler sur les réseaux sociaux comme dans les médias. Editeurs, écrivains et éditorialistes se déchirent au sujet de la légitimité et de l'efficacité d'une telle campagne.
La majorité des critiques émises par de nombreux intellectuels, loin de se centrer sur la nature sexiste du genre musical choisi et la chosification des jeunes femmes dans le vidéo-clip de promotion, vise le discours du projet trop populaire et pas assez adapté aux multiples réalités sociales du pays. Un débat stérile pour l'écrivain Antonio Ramos Revillas qui rappelle sur son blog de la revue Letras Libres : "Au Mexique, nous dénigrons certaines pratiques de lecture car nous les considérons basses. Mais qui peut dire que c'est mal de mettre des poèmes en chanson et dire à la fin que ces paroles viennent d'un livre? Il semblerait au fond que ce soit plus une discrimination envers la promotion de la lecture à travers la culture populaire".
Face à la pression sociale et du milieu intellectuel, l'Institut de recherche littéraire de la Unam a supprimé mardi 14 avril toutes traces de la vidéo sur ses plateformes de publication et tenté de la faire disparaitre de la surface du web. En vain : victime de son succès controversé, "Perrea un libro" continue de mener la danse.