Les amateurs de polars n’ont pas oublié Un pays à l’aube (Rivages, «Thriller », 2009, repris en Rivages, « Noir »), le chef-d’œuvre de Dennis Lehane. L’auteur de Mystic river (Rivages, «Thriller », 2002, repris en Rivages, « Noir ») reprend le flambeau et retrouve dans Ils vivent la nuit certains protagonistes de l’affaire.
Nous voici à Boston en 1926. Fils d’un policier gradé, Joe Coughlin ne suit pas vraiment les traces de son père. A 20 ans, il fraye avec les frères Bartolo avec lesquels il se faisait payer adolescent par le Globe pour brûler des piles de Standard ! Pour l’heure, le trio n’a rien trouvé de mieux que de dévaliser un tripot situé au fond de l’un des bars clandestins d’Albert White dans South Boston.
Ancien héros de la guerre contre les Moros aux Philippines, ancien policier qui a perdu son travail après la grève de 1919, ledit Albert White a depuis bâti un empire commercial. Il se promène avec des costumes blanc cassé à rayures, quatre gardes du corps et n’apprécie pas qu’on se moque de lui. Pour ne rien arranger, Joe a même menotté au passage une accorte employée de White. Emma Gould a un grain de beauté derrière l’oreille droite, des mains « à la fois sèches et douces, menues et teintées de rose à la naissance des paumes, aux veines violettes sillonnant ses poignets ».
On comprend donc facilement que Joe en tombe immédiatement fou amoureux. Tout en sachant pourtant parfaitement qu’elle est la maîtresse du caïd ! Aux commandes de ce blockbuster tiré au cordeau, Dennis Lehane écrit en Cinémascope. Grâce à lui, le lecteur remonte jusqu’à l’époque des gangs qui tiennent le marché du sucre et de la mélasse, des Irlandais qui débarquent en masse dans la ville. Comme Joe, il n’a pas le temps de souffler. Après avoir été impliqué dans une fusillade qui a fait trois victimes parmi les forces de l’ordre, celui-ci se voit ouvrir les portes du pénitencier de Charlestown… Très en forme, Lehane épate toujours autant avec son souffle épique et un sens du romanesque affûté au possible.
Al. F.