Bologne 2022

Thierry Magnier : « Beaucoup de pays nous envient notre littérature jeunesse »

Thierry Magnier - Photo Olivier Dion

Thierry Magnier : « Beaucoup de pays nous envient notre littérature jeunesse »

Déjà récompensées par la Pépite d’or au salon de Montreuil pour Queen Kong d’Hélène Vignal, les éditions Thierry Magnier remportent le Cross Media Award de la foire du livre de jeunesse de Bologne, qui se déroulera du 21 au 24 mars, pour Les quatre nouvelles saisons d’en sortant de l’école.

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Par Charles Knappek,
Créé le 18.03.2022 à 16h47

Votre album de poésie Les quatre nouvelles saisons d’en sortant de l’école reçoit le Cross Media Award de la foire du livre jeunesse de Bologne. Que représente ce prix pour vous ?
Je suis évidemment ravi car ce prix participe du rayonnement d’une littérature jeunesse française aujourd’hui largement reconnue à travers le monde. Beaucoup de pays nous envient la richesse de notre création qui repose sur un vivier énorme d’auteurs-illustrateurs, mais aussi sur des choix éditoriaux innovants. Chaque année, les éditeurs français sont nombreux à voir leur travail distingué par des prix internationaux. C’est la récompense du culot et du refus d’un formatage de la production auquel la France n’échappe certes pas complètement, mais qui est sans doute moins présent que sur d’autres marchés. Je trouve que nous avons tendance à ne pas vanter assez nos réussites, pour ma part je me réjouis de contribuer à la vitalité de l’exception culturelle française.

Quelle est la genèse des Quatre nouvelles saisons d’en sortant de l’école ?
Ce titre est la suite d’un premier album intitulé Les quatre saisons d’en sortant de l’école, qui a dépassé les 7 000 exemplaires vendus et qui mettait en scène 52 poèmes de Jacques Prévert, Robert Desnos, Guillaume Apollinaire et Paul Eluard ainsi que leur interprétation graphique en 52 courts-métrages de jeunes réalisateurs de cinéma d’animation. Les nouvelles saisons reposent sur le même principe, avec cette fois des textes de Claude Roy, Paul Verlaine, Andrée Chedid et Jean Tardieu. Nous avons travaillé de concert avec Tant Mieux Prod, qui produit le programme de courts-métrages « En sortant de l’école. » Ce gros album – il fait 112 pages – est pour ainsi dire un catalogue des jeunes talents de la création d’animation française. Tous les réalisateurs ont entre 20 et 25 ans et, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, ne travaillent pas qu’en numérique ; beaucoup ont eu recours au découpage, au collage ou à la peinture. Les courts-métrages sont proposés en DVD avec le livre et intéressent autant les familles que les enseignants désireux d’initier leurs élèves à la poésie.

Le marché de la jeunesse confirme son dynamisme malgré deux années de crise sanitaire. Comment les éditions Thierry Magnier ont-elles traversé la période ?  
Le Covid-19 a été anxiogène, tout comme l’est actuellement la guerre en Ukraine, mais nous avons la chance de pouvoir continuer à concevoir des livres destinés aux enfants. Depuis deux ans, les ventes sont bonnes, aussi bien en librairie qu’auprès des bibliothèques qui achètent beaucoup de nos titres. Nous publions désormais une cinquantaine de livres par an, contre 70 il y a encore peu de temps. L’équipe travaille aussi à réduire, voire à supprimer les PLV. Nous n’avons plus de catalogue depuis déjà six ou sept ans, nous imprimons 95 % de nos titres en France ou en Europe et nous resserrons les tirages pour limiter les retours et éviter le pilon.

Comment appréhendez-vous la crise du papier ?
Sur certaines qualités de papier, la hausse des prix atteint +40 %. Nous allons devoir la répercuter. C’est compliqué car les marges sont déjà plus réduites pour un éditeur jeunesse. Je rappelle qu’à coût égal de fabrication, un roman jeunesse se vend en moyenne autour de 15 euros, contre 21 à 23 euros pour un roman adulte. Cela fait vingt ans que je milite pour une TVA à 0 % sur le livre, mais on pourrait déjà imaginer de passer au taux réduit de 2,1 % qui est déjà en vigueur en Corse, en Guadeloupe, en Martinique et à la Réunion. Ce serait un coup de pouce appréciable.

Quels sont, aujourd’hui, vos axes de développement ?
Nous continuons de bénéficier du succès de Chris Haughton, auteur irlandais dont les ventes d’albums représentent plusieurs centaines de milliers d’exemplaires. Notre collection érotique littéraire pour ado, « L’ardeur » [Trophée de l'édition 2019 de la création éditoriale, ndlr], reçoit également un bon accueil. Cette année, nous continuons la BD pour les plus petits et nous publierons le 2e tome des Nuées, série d’anticipation de Nathalie Bernard. Parmi les nouveautés importantes, nous proposerons aussi un Grand livre de l’écologie et l’adaptation d’une nouvelle de Maupassant.

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