Angoissés par la page blanche, pressés ou curieux, les écrivains peuvent désormais trouver l'inspiration auprès d'une intelligence artificielle dans la mouvance de ChatGPT. Voire la laisser écrire une grande partie du texte... Genario, une application française fondée par l'auteur et scénariste David Defendi, se propose d'assister l'écriture littéraire. Quelle est la part de création ? Quels sont les pouvoirs et les limites de l'IA ? Nous avons testé l'application.
Chapitre 1 : analyser des œuvres
Une des premières fonctionnalités proposées par Genario : lire une œuvre déjà parue, et naviguer dans un outil qui résume en infographie la proportion de dialogues ou de descriptions au fil des chapitres, le niveau de langage global, la durée de lecture potentielle, les termes fréquents ou encore les interactions entre les personnages... De quoi trouver de l'inspiration dans les datas.
Chapitre 2 : chercher un sujet
Maintenant, à notre tour. Il faut d'abord trouver une idée d’aventure. L’intelligence artificielle, nommée « assistant copilote », ne peut pas nous aider pour l’étincelle de la genèse. Dans le champ « votre histoire en quelques mots », nous esquissons : « Un jeune orphelin découvre qu’il est fils de sorciers, et lui-même capable de magie. Il intègre alors l’école de sorcellerie, s’y fait plein d’amis, et devra affronter l’assassin de ses parents… ».
En quelques secondes, notre assistant nous donne plusieurs suggestions. La première : « Un jeune orphelin découvre qu'il est le fils d'un puissant sorcier et doit affronter une épreuve très particulière pour intégrer l'école de sorcellerie et découvrir qui est responsable de la mort de ses parents. »
Pas mal. On garde. En espérant que la machine nous aidera à trouver une idée d’épreuve « très particulière ».
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Chapitre 3 : créer des personnages
Il nous faut maintenant fabriquer le héros. Nous donnons les grandes lignes : « Un orphelin de 11 ans, avec une cicatrice sur le front. Il adore le porridge ». Le générateur nous suggère que notre protagoniste ait une blessure qui s’étende jusque sur la joue, et que s’y lisent les initiales de ses parents. La machine imagine ensuite qu’il a grandi reclus dans son orphelinat, sans savoir grand chose du monde extérieur, mais en entretenant des rêves d’aventure. Connaissant désormais la véritable identité de ses géniteurs, il se sent prêt à relever le défi d’entrer dans la magie.
Et d’ajouter que notre orphelin « apprécie particulièrement le porridge pour son goût sucré et la sensation de chaleur que cela lui procure ». Génial.
Attaquons le profil de l’allié et de l’ennemi à partir des informations données plus haut. Nous nous lançons dans une histoire d’amour entre cet antagoniste cruel et celle qui deviendra la mère du héros. L’amant éconduit en a perdu ses cheveux. Le robot nous conseille d’appeler le méchant, « M. », « dont le nom ne doit pas être prononcé ». Mais où va-t-il chercher tout cela ?
Chapitre 4 : élaborer un plan
Même processus pour définir le plan du récit. Bon élève, Genario nous expose une maquette impeccable (ou classique) : dans le premier volet intitulé « découverte », notre Franklin (nous l’avons appelé Franklin) apprend son histoire et ses pouvoirs. Puis direction l’école de sorciers où il travaille à contrôler son art tout en nouant une solide amitié avec ses camarades, « ce qui lui donne le courage dont il a besoin pour affronter ses prochains défis ».
Après ce temps « éducation », vient l'« exploration » : l’aventure dans le monde magique. Hélas, le répit est de courte durée, car (« affrontement »), après avoir appris l’identité de l’assassin de ses parents, notre héros doit trouver l’audace nécessaire pour l’affronter en combat singulier et faire face à sa terrible vengeance. Et dénouement. Mais ce n’est pas fini pour nous : il faut maintenant remplir l’histoire.
A suivre