Etats-Unis

L'écriture au défi de l'intelligence artificielle

L'IA peut-elle remplacer le talent ? - Photo rawpixel.com sur Freepik

L'écriture au défi de l'intelligence artificielle

Outre-Atlantique, l'intelligence artificielle stimule la production les aspirants écrivains. Au point que des revues arrêtent d'accepter les propositions de textes et que les éditeurs craignent un raz-de-marée de livres "écrits" par des machines.

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Par Hélène Goutany,
Créé le 28.02.2023 à 14h49 ,
Mis à jour le 02.03.2023 à 18h15

Écrire 15 000 signes en 30 minutes, c'est un record que nombre d'écrivains aimeraient bien pouvoir tenir. Mais cette performance n'a rien d'humain, comme l'explique sur Twitter Julien Simon, directeur éditorial de la plateforme de lecture Doors qui s'est essayé à la réalisation de texte avec le Chat GPT. Le phénomène prend une telle ampleur qu'il commence à inquiéter les éditeurs. Aux États-Unis, trois revues ont annoncé la fermeture de leurs dépôts de textes pour publication. Neil Clarke, éditeur de la revue de science-fiction Clakersworld, a expliqué avoir reçu au moins 500 propositions écrites via l'intelligence artificielle en l'espace de quelques semaines. Des propositions qu'il assimile à des spams et dont les « auteurs » ont été blacklistés. La rédaction de la revue Asimov fait le même constat : le nombre de textes soumis est passé de 750 à 1000 ce mois-ci, dopés par Chat GPT.

« Un phénomène qui doit nous inquiéter »

Sur Amazon, on a déjà dénombré au moins 200 titres auto-édités avec le Chat-GPT. The Wise Little Squirrel: A Tale of Saving and Investing, un livre pour enfants de 30 pages se vend actuellement 2,99 dollars en support numérique et 9,99 en version papier. Contacté par l'agence Reuters, son « auteur », Brett Schickler, explique avoir gagné un peu moins de 100 dollars pour un ouvrage rédigé en seulement quelques heures.

Désormais, les réseaux sociaux comme Reddit ou Tik Tok abritent des tutoriels sur l'écriture de livres pour enfants à l'image de ce qui se fait déjà en matière de régime ou de bricolage. Outre-Atlantique, cette robotisation de l'écriture n'est pas sans effrayer : « C’est un phénomène qui doit nous inquiéter »,  s'alarme Mary Rasenberg, directrice de la Guilde des auteurs aux Etats-Unis. « Ces livres vont inonder le marché et beaucoup d’auteurs vont se retrouver au chômage.» En effet, pour l'instant, les utilisateurs de cette IA générative de textes ne sont pas obligés d'en préciser l'utilisation.

« Des schémas évidents »

Pour autant, l'intelligence artificielle n'est pas encore capable de supplanter l'imagination humaine pour construire une histoire. Comme Neil Clarke le souligne dans son blog, elle utilise «des schémas très évidents » qu'il ne souhaite pas analyser publiquement afin de ne pas participer à son amélioration. Il reconnaît cependant que « la technologie ne fera que s'améliorer, de sorte que la détection deviendra plus difficile». Car si des logiciels existent bien pour détecter la présence de plagiat ou l'utilisation de l'intelligence artificielle, l'éditeur explique que « les entreprises vendant ce type de service jouent sur les deux tableaux en offrant aux auteurs des outils pour empêcher leur détection ».

L'IA, un simple assistant dans le processus d'écriture ?

D'autres se montrent moins alarmistes face à l'intrusion de la machine dans le processus de création. A la relecture de son premier test publié sur son fil Twitter, Julien Simon explique qu'il y a beaucoup de choses à réécrire et évoque la possibilité de l'IA comme d'un assistant lors de la rédaction d'un texte. Plus qu'un concurrent au cerveau humain, ce serait plutôt un outil au service des auteur.ice.s. : « Je me dis que ça peut être un accompagnant de l'écrivain, qui accélère la création tout en préservant une forme de liberté artistique. »

Droits d'auteur : à qui profite l'intelligence artificielle ?

 

 

 

 

 

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