Deux fois plus d'exposants
Pour Xu Jiong, "Bolognafiere a amené son expérience et a aidé à élargir les échanges et les communications avec les professionnels étrangers". Les 160 exposants étrangers étaient deux fois plus nombreux qu’en 2017 (79) avec des pays comme la Russie, de la Corée, Hong-Kong, l’Espagne et l’Australie venus pour la première fois. "Grâce à ces échanges, nos auteurs et illustrateurs chinois sont plus familiers avec les demandes des éditeurs étrangers. La culture chinoise est ainsi mieux diffusée et plus acceptée par les lecteurs du monde entier : le livre de jeunesse chinois est sur la voie de la mondialisation" se réjouit Xu Jiong.
Elena Pasoli, directrice de la Foire du livre de jeunesse de Bologne, abonde dans ce sens: "Je suis contente car tout le monde a souligné que la vitalité et le style de Bologne étaient sensibles sur la foire. Le programme des rencontres internationales étaient bien articulé et a traité des thèmes "chauds" comme ce qui définit un album, un personnage, le livre-objet, les licences, la réalité augmentée, ce que les prix littéraires apportent au marché". Elle voudrait positionner CCBF comme la grande foire professionnelle de l’Asie-Pacifique pour les petits éditeurs chinois mais aussi japonais ou de Singapour qui ne viennent pas en Europe. "Notre matériel n’est pas prêt pour Pékin, parce que la foire a lieu fin août, mais il est prêt pour Francfort : nous pouvons donc l’amener à Shanghai un mois après" confirme la Britannique Kate Wilson, fondatrice de Nosy Crow.
Malgré quelques problèmes de censure, essentiellement sur les BD, le stand français du Bief n’a pas désempli et les éditeurs chinois se sont succédés à ses tables où étaient représentés une vingtaine d’éditeurs, les autres ayant renoncé au voyage, faute de nouveaux titres à vendre. "La France constitue un pôle d’attraction. J’ai discuté avec mes collègues espagnols et ils ont moins de contrats" raconte Florent Grandin, fondateur des éditions du Père Fouettard, venu pour la première fois. En plus d'offrir une opportunité aux maisons privées, la foire reste à dimension humaine et permet les rendez-vous spontanés. "Les éditeurs sont plus professionnels qu’avant et savent ce qu’ils cherchent" note Alizée Dabert, responsable des droits de Gallimard Jeunesse. Ayant choisi de venir à la dernière minute, Anne Vignol, responsable des droits d’Hachette Jeunesse, s’est félicitée de l’efficacité de son catalogue en chinois avec une sélection spécifique pour le pays,. Par ailleurs, elle a bien vendu ses nouveautés : "Les éditeur sont plus sensibles qu’avant aux titres isolés et recherchent des titres sur les relations familiales" raconte-t-elle, assurant une quarantaine de rendez-vous en deux jours.
Albums, documentaires, livres audio, livres bilingues ou en anglais ont les faveurs des éditeurs chinois. Tandis que Li Yizhi de l’agence Dakai constate une demande pour les beaux albums, la nature et les premières lectures, voire la BD "qui démarre en Chine". "J’ai des demandes de droits numériques pour faire des animations. J’ai vu une maison qui prend les personnages pour en faire de très belles animations, une sorte d’e-book enrichi" déclare Alizée Dabert. "Je suis en contact avec un éditeur uniquement de livres numériques, Hangzhou Redflowers, qui a une base d’un million d’abonnés payants" note de son côté Florent Grandin.
L’édition chinoise va vite, se professionnalise et s’ouvre à tous les genres et toutes les techniques. Et, selon son président, Xu Jiong, pourrait s’ouvrir à "plus de cultures, d’Amérique du sud, d’Inde, des pays arabes et de l’Afrique". Rendez-vous à la prochaine édition la deuxième semaine de novembre, toujours avec l’aide de la Foire du livre de jeunesse de Bologne.