Chine

Succès confirmé pour la 6e Foire du livre de jeunesse de Shanghai

La Foire du livre jeunesse de Shanghai 2018 - Photo Claude Combet

Succès confirmé pour la 6e Foire du livre de jeunesse de Shanghai

Avec l’aide de la Foire du livre de jeunesse de Bologne, le grand rendez-vous jeunesse de Shanghai s’est montrée plus professionnel, avide de livres français, et se voudrait indispensable pour les éditeurs de la zone Asie-Pacifique 
 

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Par Claude Combet, Shanghai
Créé le 12.11.2018 à 22h00

"On n’attendait pas autant de visiteurs le vendredi qui est un jour de semaine : il a doublé avec 9000 personnes. Les éditeurs chinois ont multiplié leurs ventes par deux et tous les événements organisés – 230 en 3 jours – ont fait le plein" a commenté Xu Jiong, président de Shanghai Press & Publication Administration, coorganisateur de la Foire du livre de jeunesse de Shanghai (CCBF) avec Bolognafiere.  Dans un espace au 2e étage plus clair avec des espaces dédiés aux conférences, la 6e Foire du livre de jeunesse de Shanghai, qui s’est déroulée du 9 au 11 novembre, confirme son succès tant public que professionnel. 
 
La Foire du livre jeunesse de Shanghai 2018- Photo CLAUDE COMBET
Cette 6e édition était la première en partenariat avec la Foire du livre de jeunesse de Bologne. La patte de Bolognafiere s’est sentie dès l’attribution des prix, notamment autour de la Golden Pinwheel Illustrator Competition (dont les soumissions – 6 600 de 1 320 illustrateurs de 58 pays – ont augmenté de 141 %), décernée par un jury professionnel. Mais elle était encore plus sensible dans la partie artistique avec l’exposition des illustrateurs, les vitrines et "the illustrators survival corner" qui proposait master-classes, ateliers et rendez-vous pour les illustrateurs avec les éditeurs. Sans oublier "the copyright Great Wall" qui proposaitdes  livres chinois et étrangers dont les droits étaient à céder.

Deux fois plus d'exposants

Pour Xu Jiong, "Bolognafiere a amené son expérience et a aidé à élargir les échanges et les communications avec les professionnels étrangers". Les 160 exposants étrangers étaient deux fois plus nombreux qu’en 2017 (79) avec des pays comme la Russie, de la Corée, Hong-Kong, l’Espagne et l’Australie venus pour la première fois. "Grâce à ces échanges, nos auteurs et illustrateurs chinois sont plus familiers avec les demandes des éditeurs étrangers. La culture chinoise est ainsi mieux diffusée et plus acceptée par les lecteurs du monde entier : le livre de jeunesse chinois est sur la voie de la mondialisation" se réjouit Xu Jiong.

Elena Pasoli, directrice de la Foire du livre de jeunesse de Bologne, abonde dans ce sens: "Je suis contente car tout le monde a souligné que la vitalité et le style de Bologne étaient sensibles sur la foire. Le programme des rencontres internationales étaient bien articulé et a traité des thèmes "chauds" comme ce qui définit un album, un personnage, le livre-objet, les licences, la réalité augmentée, ce que les prix littéraires apportent au marché". Elle voudrait positionner CCBF comme la grande foire professionnelle de l’Asie-Pacifique pour les petits éditeurs chinois mais aussi japonais ou de Singapour qui ne viennent pas en Europe. "Notre matériel n’est pas prêt pour Pékin, parce que la foire a lieu fin août, mais il est prêt pour Francfort : nous pouvons donc l’amener à Shanghai un mois après" confirme la Britannique Kate Wilson, fondatrice de Nosy Crow. 
 
La Foire du livre jeunesse de Shanghai 2018- Photo CLAUDE COMBET
Dans un marché chinois en constante progression, les échanges vont bon train. Même si les éditeurs chinois veulent désormais exporter leurs propres créations, les meilleures ventes restent à 90 % des titres étrangers. La Grande-Bretagne ne s’y est pas trompée et le stand collectif du pays se voyait de loin. D’autant plus que le public chinois cherchent à lire directement en anglais et à faire apprendre la langue à leurs enfants dès le plus jeune âge. "Les parents chinois souhaitent que leurs enfants soient bilingues très tôt" confirme Xu Jiong. Cette présence à l’international est aussi symboliquement présent à travers l’élection pour la première fois de son histoire d’un président chinois Zhang Mingzhou pour l’Ibby.

Malgré quelques problèmes de censure, essentiellement sur les BD, le stand français du Bief n’a pas désempli et les éditeurs chinois se sont succédés à ses tables où étaient représentés une vingtaine d’éditeurs, les autres ayant renoncé au voyage, faute de nouveaux titres à vendre. "La France constitue un pôle d’attraction. J’ai discuté avec mes collègues espagnols et ils ont moins de contrats" raconte Florent Grandin, fondateur des éditions du Père Fouettard, venu pour la première fois. En plus d'offrir une opportunité aux maisons privées, la foire reste à dimension humaine et permet les rendez-vous spontanés. "Les éditeurs sont plus professionnels qu’avant et savent ce qu’ils cherchent" note Alizée Dabert, responsable des droits de Gallimard Jeunesse. Ayant choisi de venir à la dernière minute, Anne Vignol, responsable des droits d’Hachette Jeunesse, s’est félicitée de l’efficacité de son catalogue en chinois avec une sélection spécifique pour le pays,. Par ailleurs, elle a bien vendu ses nouveautés : "Les éditeur sont plus sensibles qu’avant aux titres isolés et recherchent des titres sur les relations familiales" raconte-t-elle, assurant une quarantaine de rendez-vous en deux jours.
 
Le stand Bayard Bridge à la Foire du livre de jeunesse de Shanghai 2018- Photo CLAUDE COMBET
"A Francfort ou à Bologne, je vends essentiellement des nouveautés alors qu’ici, c’est l’occasion de parler des autres titres du fonds" précise Florent Grandin, dont la maison est spécialisée dans les albums. "Avec La collection « Viens voir ma ville », les 8 titres confondus totalisent 300 000 ventes en Chine, c’est loin d’être négligeable pour ma maison" confirme Stéphane Husard, fondateur d’ABC Melody, qui s’est aussi déplacé pour la première fois. Shanghai est aussi l'occasion de rencontrer ses interlocuteurs, de créer des liens voire de partager les difficultés. "J’avais vendu une grosse collection en anglais et l’éditeur n’a pas réussi à avoir l’ISBN mais il a reporté la publication à 2019 et a bon espoir" ajoute-t-il. 

Albums, documentaires, livres audio, livres bilingues ou en anglais ont les faveurs des éditeurs chinois. Tandis que Li Yizhi de l’agence Dakai constate une demande pour les beaux albums, la nature et les premières lectures, voire la BD "qui démarre en Chine". "J’ai des demandes de droits numériques pour faire des animations. J’ai vu une maison qui prend les personnages pour en faire de très belles animations, une sorte d’e-book enrichi" déclare Alizée Dabert. "Je suis en contact avec un éditeur uniquement de livres numériques, Hangzhou Redflowers, qui a une base d’un million d’abonnés payants" note de son côté Florent Grandin.

L’édition chinoise va vite, se professionnalise et s’ouvre à tous les genres et toutes les techniques. Et, selon son président, Xu Jiong, pourrait s’ouvrir à "plus de cultures, d’Amérique du sud, d’Inde, des pays arabes et de l’Afrique". Rendez-vous à la prochaine édition la deuxième semaine de novembre, toujours avec l’aide de la Foire du livre de jeunesse de Bologne. 
 

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