Avec le confinement, toutes les règles du jeu sont redistribuées. Mon cerveau de créatif a d’abord accusé une forte perturbation, bombardé de questionnements capables de remettre en question tous les sujets de récits en cours. A la fois sur le prochain roman à paraître, dans sa phase de correction. Ne devrais-je pas modifier le caractère de mon héroïne ? Est-ce que mon histoire à venir, qui est contemporaine, correspond bien à ce que je souhaite donner à lire dans quelques mois ? Mes projets de séries télé en cours de développement, à la fois en création, mais aussi les adaptations de mes romans, sont logés à la même enseigne. Ces histoires sont des reflets d’existences et de notre société, et là, elle est en pleine mutation, violente, soudaine, très brutale. Nous en parlons beaucoup entre auteurs, en messages privés sur les réseaux, ou avec Skype et d’autres outils.
Une urgence d’écrire
L’organisation au quotidien, très bouleversée, imposant des contraintes fortes, apporte néanmoins une dose de fertilité et une urgence d’écrire. Se remettre davantage à l’ouvrage, précipité par une actualité bouillonnante. Le monde s’arrête, mais notre esprit est galopant. Vie de famille omniprésente, quiétude parasitée pour l’auteur, anormalité de la situation, règles de vies qui saucissonnent les journées sans date butoir au sein du foyer. Une organisation parfois militaire à l’allure de camp de vacances sans en être un pour autant. Mais la barque avance et chacun trouve sa place au fil des jours. Une certitude, plus rien ne sera tout à fait pareil entre l’avant et l’après Covid-19.
Soutenir les libraires
Puis, en tant qu’auteur, et nous sommes nombreux dans ce cas, vient l’inquiétude concernant nos prochaines parutions, surtout immédiates, ou juste après la vague épidémique. Dans mon cas, un roman paru en grand format chez Albin Michel,
Cabale Pyramidion, annoncé en version poche le 11 juin prochain (Ed. Mon Poche). Message bienveillant et qui se veut rassurant de Bérénice Boulay, mon éditrice :
“Pour les parutions de juin, pas de report pour le moment ! Prends soin de toi.”
C’est d’autant plus important pour moi que je souhaite, et nous préparons cela avec de nombreux auteurs, soutenir les libraires dès la réouverture de leurs enseignes. Ils auront plus que jamais besoin de nous. C’est une action nationale dont nous dévoilerons le contenu et l’organisation dans quelque temps, sur le site Internet que j’ai mis à disposition des libraires depuis plusieurs années (
http://lespetitsmotsdeslibraires.fr/).
Il est vital pour eux de leur dire et de leur faire savoir que nous serons là, sur le pont, pour les épauler. Qu’ils gardent le moral et se tiennent prêts à mobiliser leurs forces comme nous le ferons à leurs côtés, très vite, nous l’espérons.
Merci à votre rédaction de nous permettre de suivre l’actualité littéraire et du milieu malgré les conditions et la situation.
Livres Hebdo, déjà bousculé, a besoin de rayonnement. "Les petits mots des libraires" vous soutiennent et partagent la richesse de vos articles.
Et vous ? Racontez-nous comment vous vous adaptez, les difficultés que vous rencontrez et les solutions que vous inventez en écrivant à: confinement@livreshebdo.fr