« Journal de confinement, le terme est probablement un peu excessif, compte tenu de ce que peuvent vivre, en ce moment, les familles et tous ceux qui luttent pour faire face à cette pandémie alors que notre seule action est de suivre les consignes en restant chez nous.
Cette situation particulière n’est pas sans nous interroger sur certaines problématiques professionnelles. Suite aux annulations successives de Livre Paris, BD à Bastia, Italissimo, et au report des lancements des nouveaux ouvrages, j'ai, pour ma part, été obligé de mettre au chômage partiel l'équipe et de développer le télétravail, déjà ponctuellement pratiqué depuis longtemps. Mais pour autant les interactions humaines qui sont au cœur de ce métier de contact nous manquent. WhatsApp, c'est bien, mais cela ne remplacera jamais un café pris en face-à-face avec des journalistes.
Le silence s'installe
Impression étrange et inédite pour une agence de relations presse. Le téléphone ne sonne pratiquement plus, les mails arrivent au compte-gouttes, le silence s'installe doucement. Tout l'inverse de ce qui fait le charme de notre métier (enfin pour ceux qui aiment cela...). Et quand on appelle des journalistes ou des clients, c'est davantage pour savoir comment ils vont, le reste devenant accessoire. On prendra, en partie, le temps de parler de la sortie des livres la prochaine fois, même si l'envie de les convaincre de la qualité de la production que nous défendons nous titille.
Et, chaque jour, de nouvelles interrogations apparaissent : combien de temps cela va-t-il durer ? comment anticiper un redémarrage ? sera-t-il d'ailleurs possible de redémarrer ? l’équipe pourra-t-elle être gardée au complet ? comment payer les impôts, l'Urssaff, la TVA, le loyer, etc. ? Même si ces questions peuvent sembler un peu baroques en ce moment, elles touchent au quotidien de l'agence et au quotidien de celles qui participent de son existence, et qu'il faut soutenir au maximum. Car c'est un métier auquel nous croyons, que nous aimons, et une équipe qui s’est soudée au fil des ans. Et puis viennent les questions plus existentielles sur ce métier si particulier. Quelle plus-value apportons-nous à la société ? Comment continuer à travailler durant cette période et quel sens donner à ce travail ? Cela va-t-il faire évoluer notre manière de procéder ? Et si oui, dans quelle direction ? Autant de questions qui vont aussi se poser rapidement et auxquelles nous avons rarement le temps de penser.
Influenceuses et booktubeuses
Indéniablement, l'utilisation des réseaux sociaux va encore s'accélérer dans notre manière de transmettre de l'information, et indéniablement, les journalistes ne sont et ne seront plus nos interlocuteurs uniques. Le terme même de relations presse est amené à disparaître, au profit de celui de relations médias. Le terme média désignant tout moyen de distribution, de diffusion ou de communication, d'œuvres, de documents, ou de messages écrits, visuels, sonores ou audiovisuels. Ce nouveau paysage rassemble aussi bien les journalistes que les influenceuses, les booktubeuses (j'utilise le terme féminin car les femmes sont plus nombreuses à agir dans le domaine du livre), ou tout nouveau vecteur d'information à venir.
Il se peut qu'une agence de relations presse soit elle-même amenée à produire de l'information, soit sous la forme de vidéos, de tribunes, de podcast ou de tout autre moyen, et devienne alors un média, avec les dérives éventuelles que cela pourrait entraîner par rapport à la véracité de l'information. Tout cela reste à discuter et à approfondir. Parlons-en rapidement, car cela va aussi poser de nombreuses questions déontologiques et éthiques sur lesquelles il sera nécessaire de réfléchir.
Mais en attendant, faites surtout attention à vous. »
Et vous ? Racontez-nous comment vous vous adaptez, les difficultés que vous rencontrez et les solutions que vous inventez en écrivant à: confinement@livreshebdo.fr