Alors que le Salon du livre de Genève s’est ouvert le mercredi 6 mars avec l’accueil des écoliers suisses, plus d’une soixantaine de personnes ont assisté à la première matinée professionnelle de la manifestation suisse consacrée à « Comment rendre accro les 6-14 ans à la lecture ? ».
Entre débats, désaccords parfois, et partages d’expériences, les huit professionnels invités sur la scène du forum semblent toutefois adopter un consensus. Si le rôle de la famille et de l’école est important dans la formation des lecteurs et lectrices de demain, le monde du livre se doit de sortir le livre du livre pour mieux entraîner les jeunes vers la lecture.
Démocratiser le livre
Les initiatives en ce sens ne manquent pas. Dans le canton de Fribourg par exemple, Stéphanie Baur Kaeser a lancé le festival jeunesse « Les mots clés à Molette » en impliquant les jeunes de 6 à 17 ans dans l’organisation de la manifestation. Avec l’idée d’aller « chercher surtout les picoreurs plutôt que les dévoreurs de livres », explique-t-elle. À l’image des Pépites du Salon du livre et de la presse jeunesse (SLPJ) de Montreuil, l’Institut suisse Jeunesse et Médias (ISJM), dirigé par Loreto Núñez, entend « valoriser les goûts des jeunes » en les faisant participer à ses prix de littérature jeunesse et en les invitant à ensuite interviewer le ou la lauréat(e).
Au-delà de ces rendez-vous, démocratiser la lecture auprès des enfants et adolescents tient aussi à des moments de « partage et d’échanges », estime Loreto Núñez. Avec des moments de lecture à voix haute dans la sphère familiale et scolaire, mais pas seulement. En Belgique, le fondateur de la Fondation Battieuw-Schmidt et bibliothécaire Luc Battieuw a créé l’initiative « Lire dans les parcs » en 2000. Chaque été, des animateurs et comédiens investissent les parcs et les aires de jeux pour initier un temps de lecture à voix haute.
Lire peut aussi être un jeu, à l’image de celui développé par le SLPJ avec le concours de la Caisse d’allocation familiale de la Seine-Saint-Denis afin de « désacraliser la lecture », pointe sa directrice Sylvie Vassalo. Le principe : des expressions sportives sont inscrites sur des cartes à jouer qui, chacune, lance un défi de lecture aux enfants. Dans tous les cas, il faut « aller chercher les enfants là où ils sont », y compris sur les écrans, insiste Kàroly Fogarassy, créateur de la start-up Nabook. Son application adapte depuis 2021 des livres jeunesse et les donnent à lire sous la forme d’un fil de conversation.
