Une semaine après la chute de Tripoli aux mains des rebelles, Mohammed Ali al-Bahbahy a décidé de rouvrir sa librairie, « un havre de paix pour ceux ayant faim de culture ».

à ses débuts, la librairie comptait 200 oeuvres de la collection personnelle de Mohammed. « Maintenant j'ai 12 000 livres » dit-il. Ses amis ou des étrangers lui ont vendu les livres de leur famille à l'époque où la Libye était une monarchie. Depuis, Mouammar Kadhafi s'est attaché à limiter l'accès à la culture dans son pays.

Le Livre vert, manifeste politique de Mouammar Kadhafi, est sur les étagères en arabe, anglais, français, japonais, italien, espagnol, hébreu et même en bengali. « Le Livret vert a été traduit en 45 langues, plus que le Coran. Kadhafi se considérait comme l'empereur du monde et il voulait que ses théories touchent tout le monde », affirme le libraire.

On trouve aussi dans ses rayonnages les livres de géographie, philosophie, politique, sciences et religion s'étalant au côté de thrillers américains. Des tomes épais de l'Encyclopédie Britannica s'entassent aussi au deuxième étage de la boutique, sous le regard vigilant d'une Mona Lisa encadrée.

Né en 1942 à Yefren (Ouest libyen), Mohammed Ali al-Bahbahy a appris à lire à trois ans en parcourant le Coran avec son grand-père et sa passion d'adolescent tournait autour des livres historiques. En 1995, il ouvre sa librairie. étant un ancien militaire, les services secrets ont supposé qu'il était un partisan de Mouammar Kadhafi et l'ont laissé gérer son établissement en paix.

à l'époque de la dictature, « on ne pouvait pas dire un seul mot. On discutait de politique dans notre cercle d'amis de confiance, dans l'intimité. Mais jamais en public et nous ne l'aurions jamais publié. Maintenant, on peut » explique-t-il. Il ajoute : « Je suis libre, j'ai envie de lire des livres historiques qui couvrent tous les côtés » de l'histoire.