Le stand de l'édition française.- Photo FABRICE PIAULT/LH

En force chaque année à la Foire du livre de Pékin, où une quarantaine viennent régulièrement au moins tous les deux ou trois ans, les éditeurs français louent dans un bel ensemble la professionnalisation de leurs confrères chinois. "La foire facilite des cessions plus qualitatives", se réjouit May Yang, responsable droits étrangers chez Eyrolles, pour qui la Chine est désormais le premier marché en Asie. "Il y a trois ans, les éditeurs chinois ne me demandaient que mes best-sellers ou des classiques. Cette fois, je les trouve plus intéressés par ce qui se fait en France, note Aurélie Laure, directrice des droits d'Univers Poche, venue en 2005 et 2009. Ils sont très honorés qu'on leur propose des livres pas encore parus", se félicite-t-elle, pointant aussi les enchères qu'elle a organisées pour la première fois pour départager les candidats à l'achat des nouveautés de Franck Tilliez et de Gilles Legardinier. Sa consoeur à La Découverte, Delphine Ribouchon, à l'agenda "blindé", note de même : "Le marché a bien évolué depuis ma dernière visite en 2005. Il ne se réduit pas à Pékin et à Shanghai : nos interlocuteurs se diversifient."

Des livres plus compliqués

Parmi la vingtaine d'éditeurs et d'agents qui enchaînent cette année les rendez-vous sur le stand du Bureau international de l'édition française (Bief), plus de la moitié représente l'édition de livres illustrés, jeunesse et BD en tête, qui a le plus développé ses cessions en Chine au cours des dernières années. Et dans ce domaine aussi, la demande s'élargit. "Il y a cinq ans, nos albums paraissaient avant-gardistes, se souvient l'agente spécialisée jeunesse Wu Juan, qui représente notamment L'Ecole des loisirs, Actes Sud Junior, Kaléidoscope, Seuil Jeunesse et Sarbacane. Maintenant, je parviens à vendre des livres cartonnés plus compliqués. Le prix des livres augmente, les albums font rêver les éditeurs, qui ne demandent plus seulement des collections, mais sont aussi des albums uniques prêts à être publiés."

"Les prix de vente publics des livres illustrés dépassent enfin les 100 ou 150 yuans (12 et 18 euros) et nous pouvons sortir du broché pour faire du relié à plus de 300 yuans (37 euros) pour un public de nouveaux privilégiés", se félicite aussi Solène Demigneux, créatrice de l'agence Dakai. Paru au printemps à 596 yuans (75 euros) chez Oriental Press, relié sous jaquette, 100 bouteilles extraordinaires (Glénat) a été réimprimé pour atteindre un tirage de 6 000 exemplaires. "Cela ouvre la voie à de nouvelles catégories de livres, reliés ou sous coffret, en jeunesse comme pour les adultes", poursuit l'agente, qui observe "une explosion du lectorat urbain des 20-35 ans, pour lequel le livre est plus un objet cadeau, un objet fun qu'un objet de lecture".

Cependant, "les fortes paginations ne font pas peur aux Chinois, qui aiment les livres illustrés avec beaucoup d'informations", souligne le directeur éditorial d'Hachette Pratique, Pierre-Jean Furet. Il constate beaucoup d'intérêt pour les vins, le "parenting" et l'art de vivre à la française. "Il faut être patients car les processus de décision sont lents dans les maisons publiques", mais "le marché est très actif"

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