Un homme disparaît. De l'auteur, Philippe Savet, on sait qu'il est né en 1995, qu'il travaille dans l'édition et qu'il a suivi de solides études littéraires, ce qui transparaît dans son premier roman, Mille millilitres de Ganymède. Mettant en place un dispositif textuel et un environnement très contemporains, voire branchés, il revisite le mythe grec de Ganymède. Lequel était un jeune prince troyen d'une si grande beauté qu'il séduisit Zeus. Le père des dieux se changea en aigle pour l'emmener dans l'Olympe où, ayant obtenu l'immortalité, Ganymède servit le nectar aux autres immortels à la place d'Hébé (déesse de la jeunesse), la propre fille de Zeus et d'Héra. Ce mythe inspira plusieurs auteurs contemporains, dont Jean Genet.

Chez Savet, on est bien loin de l'Olympe. Le « Paradis » de Ganymède est une boîte gay du nord de Paris où l'on fait tristement la fête - techno, sexe et GBL (gamma-butyrolactone), l'une des drogues les plus prisées de nos jours. Ganymède en consomme en grandes quantités et en revend. À la sortie du night-club, un matin, Ganymède disparaît, laissant ses proches sans nouvelles aucunes. Ni ses parents, complètement dépassés, ni ses sœurs (notamment-Callisto, la plus proche, qui s'enferme dans sa chambre et lit tous ses écrits), ni ses meilleures copines, ni même la police ne parviennent à le retrouver. Dans ses poèmes, il exprimait son amour fou pour un certain Jupiter, son éraste, et sa souffrance de voir celui-ci aimer d'autres garçons. Qu'est Ganymède devenu ? Il faudra suivre tous les méandres de ce texte exigeant, polyphonique et protéiforme, parfois cru, pour le découvrir. Ou pas.