L'oiseau de nuit. Li Po, qui plutôt que de devenir mandarin avait préféré l'errance et l'ivresse, -composait des vers qu'il déclamait à la lune... Le narrateur de Ma gloire de -Florent Oiseau, qui vient de se faire virer, n'a aucune intention de bosser, il ne vivra que de menus trafics. À l'instar du grand poète de la dynastie Tang, il aime boire et dériver au fil des jours, des nuits surtout. Sans projet, si ce n'est de croiser dans le quartier, entre le cimetière de Charonne et la porte de Bagnolet, des espèces gyrovagues et noctambules, et autres gavroches ou piliers de bar. L'antihéros est un poète sans écriture, son œuvre est ce grand désœuvrement joyeux, longue ballade composée de palabres et de détours. Ainsi chez cette beauté qui lui confie raffoler du sexe, sans qu'il cède pour autant à la tentation vu que, de son propre aveu, « à cette heure tardive, [s]a queue revêt un aspect sépulcral ». Un pacte le lie à son épouse : Almeria pourra avoir tous les amants qu'elle souhaite, du moment qu'elle le laisse la tromper avec la dive bouteille. Lui a fait de la vacuité sa maîtresse qu'il étreint avec allégresse. Son vide est quand même comblé par l'existence d'êtres chers comme Lune, sa fille de 10 ans, malicieuse et maligne, qui veut lui faire jouer la fée guérisseuse dans le spectacle de fin d'année de l'école. Mais ce que veut Lune au fond, c'est le sauver de l'autodestruction par l'alcool...
L'auteur de Je vais m'y mettre (Allary Éditions, 2016) signe ici une variation tendre de l'éloge de la paresse, doublée d'une philosophie de la vie de l'oiseau de nuit dont la face souriante n'est que l'avers d'une médaille frappée du sceau de la mort.
Ma gloire
Gallimard
Tirage: 10 000 ex.
Prix: 19 € ; 176 p.
ISBN: 9782073114273
