Reportage

A Paris, l'enthousiasme des clients pour le click & collect

Click&collect à la librairie L’utopie avec Sandrine Ziri - Photo Olivier Dion

A Paris, l'enthousiasme des clients pour le click & collect

"La situation on la subit, c'est dur mais il faut faire avec car ça pourrait être pire, le "Click & Collect" ça nous sauve", estime le libraire de la Rubrique à Bulle, Laurent Dupont. Entre l'enthousiasme des clients et les difficultés logistiques, les librairies parisiennes tiennent le cap.

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Par Dahlia Girgis, Paris
Créé le 09.11.2020 à 15h44

"C’est une alternative vitale, le Click & Collect nous permet de franchir le cap du deuxième confinement, ça nous sauve", affirme Isabelle Milon qui travaille à La Tête ailleurs, située dans le centre de Paris. Dans la rue assez calme, la libraire a déjà reçu une vingtaine de clients pour cette matinée du vendredi 6 novembre.

Dans sa librairie, BD Bulle, Stéphane Sokolowski a réalisé à peu près le même nombre de ventes. "Hier j'ai réalisé autant qu'il y a exactement un an", se réjouit le libraire, montrant les colis rangés dans le coin de sa boutique. Les livres achetés sont triés dans des cartons selon la plateforme utilisée pour commander. Stéphane Sokolowski profite notamment du soutien du réseau Canal BD, mais également de l'application Bubble. D'autres libraires s'appuient sur le site en ligne Place des libraires. C'est le cas de Philippe Guazzo, libraire à L'Attrape-Coeurs, nouveau point de vente inauguré aujourd'hui dans le 15e arrondissement de Paris.

Une clientèle solidaire 

"C’est important de contribuer à ce qui se passe et de les faire vivre", témoigne Dimitry, 32 ans. Debout devant la vitrine de l'Attrape-Coeurs, il ne sait pas encore ce qu'il compte acheter. À peine 10 minutes après son ouverture, il y a déjà une dizaine de clients. Dans la queue qui se forme rue de Lourmel, Marine, 32 ans elle aussi, vient récupérer sa commande. La trentenaire avait l'habitude d'acheter en ligne via Amazon. "Pendant le premier confinement, je n’étais pas en France, je ne me rendais pas compte de l’impact que ça pouvait avoir sur les petits commerçants, maintenant je préfère soutenir ce qui est local", explique-t-elle.
 

L'Attrape Coeur - novembre 2020 à Paris- Photo DAHLIA GIRGIS


"C'est plus intéressant d'acheter dans une librairie qu'on connaît, je préfère acheter ici que dans des grandes chaînes comme la Fnac, qui eux ont la capacité de rebondir", pense Alexis, 25 ans. En compagnie d'une amie, le jeune homme s'est arrêté à BD Bulle pour récupérer sa commande. "Même si je préfère toucher les livres, au moins là je peux toujours en acheter", dit-il.

"On ne veut pas d'autre carton ! On préfère venir ici, on est des habitués", lance Jean-Meret, 39 ans, à la sortie de La Rubrique à Bulles. "On a les deux : des habitués et des nouveaux clients", note Laurent Dupont qui travaille depuis moins de 3 mois dans cette librairie du 11e arrondissement. "Les gens veulent nous rendre service, c'est super touchant", confie le vendeur.

Une logistique compliquée

Malgré cet enthousiasme, Lucile Donnant, regrette la perte de la "vente d'impulsion" dans sa librairie L'écailler. Située dans l'Ouest parisien, la libraire s'adapte de nouveau au Click & Collect qu'elle avait mis en place lors du premier confinement. "C'est plus simple cette fois car il y a plus de communication", explique Lucile.  Mais des incertitudes sont toujours là. La commerçante attend de voir comment va s'organiser l'allégement des frais postaux pour savoir si elle met en place ce service chez elle.

Cependant, les libraires reconnaissent que la logistique est pesante: aller à la poste, ne pas pouvoir discuter ou conseiller ses clients, répondre au téléphones et aux courriels. Et malgré tout, les ventes sont moitié moindres...
 

La librairie Compagnie- Photo OLIVIER DION


"Ce sont des difficultés logistiques, là on fait plus un travail de manutentionnaire", confirme l'employé de BD Bulle, Stéphane Sokolowski. À la Rubrique à Bulles, c'est le même constat. "C'est plus physique , il y a un gros flux qui arrive en boutique" témoigne Laurent Dupont. Dans la boutique, les BD et ouvrages s'empilent les uns sur les autres, malgré les 36 ventes enregistrées e milieu d'après-midi. "Les gros titres partent facilement, mais il y a moins de visibilité pour les plus petits", regrette le libraire.

Le succès des nouvelles sorties littéraires

"Il y a le nouvel Arabe du futur, il faut trop que je l’achète" crie une passante près de la vitrine de l’Attrape-Coeurs, où le livre de Riad Sattouf, qui vient de sortir, est mis en avant. L’emballement pour l’ouvrage publié aux éditions Allary est constaté par la plupart des libraires interrogés. "L'Arabe du futur explose les ventes, puis il y a aussi les prix littéraires, comme le prix Femina", partage Lucile Donnant. Outre les classiques de la rentrée littéraire, Isabelle Milon note une hausse des ventes en littérature jeunesse dans sa librairie La Tête ailleurs. "On sent un besoin de lecture chez les enfants, peut-être pour les occuper maintenant qu’ils sont plus souvent chez eux", imagine la libraire.

Dans l'ensemble, les libraires se réjouissent d'être approvisionnées. "On ne va pas réduire les stocks avec le mois de décembre qui arrive", raconte Laurent Dupont. Certains comme Stéphane Sokolowski s'inquiète même de voir "les livraisons se tarirent dans les semaines qui viennent". "La situation, on la subit. C'est dur mais il faut faire avec, ça pourrait être pire, le "Click & Collect" ça nous sauve", résume le libraire Laurent Dupont.
 

Librairie L'utopie- Photo OLIVIER DION

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