À L.A. cantine. 16 janvier 1942, un mois après la gifle Pearl Harbor, l'Amérique groggy enrage et monte au front. Ça devait arriver et le précédent Hollywood s'en va en guerre d'Olivier Barde-Cabuçon (Gallimard, « Série noire », 2023) nous y a préparés. L'eau a coulé sous les ponts, raviné les collines de Los Angeles, et le monde du cinéma structure plus que jamais son appui aux hostilités en marche. L'ouverture d'un cabaret cantine, où, durant quatre ans, trois millions de soldats passeront oublier le sang et la peur, en sera l'une des pièces maîtresses. Bette Davis, Marlene Dietrich ou Humphrey Bogart y serviront et divertiront les troupes le temps d'un conflit mondial éreintant.

Toujours dans le champ des caméras, la pimpante détective Vicky Mallone papillonne entre les tables et les plateaux (de service ou de tournage) pour élucider le meurtre de son amie Joyce, photographe affiliée aux studios locaux. L'œil rivé à la focale de l'objectif incriminé, on se régale une nouvelle fois. Entre le noir et blanc colorisé d'aventures pétillantes et les larges travellings incluant jolies starlettes et Teutons d'opérette lancés dans une incongrue partie de Monopoly, l'écriture vive et souriante d'Olivier Barde-Cabuçon cabote des démons éternels à ceux d'aujourd'hui. Les marchands de sable ou de poudres y tiennent de fait la dragée haute à des forces de police aux galurins et méthodes plus ou moins rigides. Sans doute le meilleur angle de vue pour fêter dignement les 80 ans de la « Série noire ».