Scission du groupe Vivendi

Nouvelle page financière pour le groupe Hachette

La nouvelle entité financière d'Hachette Livre, LHG - Photo Capture écran

Nouvelle page financière pour le groupe Hachette

Les actionnaires de Vivendi ont approuvé le projet de scission du groupe plaçant les parts de Lagardère dans une structure adhoc baptisée Louis Hachette Group comprenant également Prisma Media.

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Par Éric Dupuy
Créé le 09.12.2024 à 19h01

C’est une nouvelle poupée russe parmi les structures financières au-dessus d’Hachette Livre. Les actionnaires du groupe Vivendi ont largement approuvé (à plus de 97 %) le projet de scission du groupe en quatre entités financières (Canal +, Havas, LHG et Vivendi SE), dont celle créée pour l’occasion et baptisée Louis Hachette Group (LHG) qui regroupera les participations de Vivendi dans l’édition et les médias.

Ainsi, Louis Hachette Group se prépare à émerger comme une entité distincte et autonome regroupant deux piliers majeurs : la participation de Vivendi dans Lagardère (66,53 %) et Prisma Media (100 %). Cette nouvelle organisation transforme la dynamique stratégique du groupe Lagardère en libérant le potentiel de chacune des entités séparées.

Pour Louis Hachette Group, cela signifie une concentration totale sur les secteurs de l’édition et des médias, avec la flexibilité nécessaire pour répondre à des opportunités spécifiques. Ce repositionnement stratégique est une réponse à une décote de conglomérat qui limitait la valorisation de Vivendi.

Organisation de Louis Hachette Group

Post-scission, Louis Hachette Group sera coté sur Euronext Growth à Paris, offrant aux investisseurs une opportunité d’acquérir une exposition directe à Lagardère et à Prisma Media. Cette séparation vise à maximiser la valeur pour les actionnaires en dotant le groupe d’une gouvernance et d’une structure financière adaptées à ses besoins spécifiques.

Jean-Christophe Thiery, devenu à l’automne le patron d’Hachette Livre, assumera le rôle de président-directeur général de la structure, épaulé par Grégoire Castaing en tant que directeur général délégué. Le Conseil d’administration inclura 40 % de membres indépendants.

Pluralité éditoriale

Pour Lagardère, cette scission marque une étape significative, renforçant son positionnement en tant qu’entité clé du groupe Louis Hachette. La participation de 66,53 % garantit à ce dernier une influence stratégique sur les activités de Lagardère, notamment à travers Hachette Livre, leader mondial de l’édition.

Répondant à la question d’un petit porteur, Yannick Bolloré, président du Conseil de Surveillance de Vivendi, a affirmé lors de l’Assemblée que « les actionnaires n’avaient pas de regard sur la ligne éditoriale du groupe Hachette » et que tout au mieux ils ne pouvaient qu’« approuver la pluralité éditoriale du groupe ».    

Louis Hachette Group affiche clairement ses ambitions : soutenir un désendettement progressif de Lagardère tout en exploitant les opportunités de croissance. Prisma Media, acteur majeur des médias en France, complètera cette stratégie grâce à sa capacité à générer des revenus stables et à diversifier les activités du groupe.

Protestations

Cette triple cotation place les actionnaires minoritaires dans des juridictions moins protectrices de leurs droits que la France et qui n'imposent pas de lancer une OPA dès lors qu'il y a franchissement du seuil des 30 % du capital ou des droits de vote. Il en est résulté quelques mécontentements de la part de plusieurs d’entre eux. Le fonds activiste CIAM, qui détient 0,025 % du capital de Vivendi, a tenté de faire capoter le projet.

Quant à la petite société de gestion Phitrust, qui a l'habitude de jouer les trouble-fêtes aux assemblées générales, elle déplore que « cette proposition de scission permette au groupe Bolloré de rester l'actionnaire de référence contrôlant l'ensemble Vivendi et les trois nouvelles entités cotées sans avoir à verser une prime de contrôle aux autres actionnaires minoritaires et en contournant l'application des règles de protection de l'AMF », selon Les Echos.

D’autre part, des manifestants se sont réunis devant la Bourse de Paris avant le début de l’assemblée mixte afin de protester contre « l’empire Bolloré » notamment dans les médias.  

Après scission, le groupe Bolloré détiendra, en plus de sa participation inchangée au capital de Vivendi, 31,04 % des trois nouvelles sociétés cotées.

D'autres actions restent pendantes devant la justice. Ciam a déposé, devant le tribunal de commerce, une assignation en nullité pour « abus de droit ». Il a aussi, devant la cour d'appel de Paris, mis en cause le feu vert de l'AMF.

Conséquences pour les actionnaires de Vivendi

Néanmoins, avec la décision de cette assemblée mixte, le premier jour de cotation de ces trois sociétés interviendra donc, comme annoncé, le 16 décembre prochain respectivement sur le London Stock Exchange, sur Euronext Amsterdam et sur Euronext Growth Paris. Les actionnaires de Vivendi recevront alors une action Louis Hachette Group pour chaque action Vivendi détenue, en plus de leurs actions Vivendi existantes.

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