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Nantes : le festival jeunesse L’œil du monde en 5 points forts

Le festival poursuivait son cours alors que les conférences de la journée professionnelle se déroulaient à l'étage du Lieu unique - Photo DR

Nantes : le festival jeunesse L’œil du monde en 5 points forts

Le rendez-vous professionnel du vendredi 31 mars a réuni plus de 400 personnes et à réuni onze éditeurs jeunesse étrangers partenaires. Cinq points forts à retenir.

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Par Adriano Tiniscopa
Créé le 03.04.2023 à 00h22 ,
Mis à jour le 03.04.2023 à 06h13

« L’idée était de faire adopter des maisons d’édition indépendantes internationales par nos bibliothèques et nos enfants pour les ouvrir à d’autres cultures », résume Christine Morault, présidente de L’œil du monde et cofondatrice des éditions MeMo. Avec onze autres éditeurs du monde entier, elle a conçu ce festival littéraire professionnel, qui s’est tenu vendredi 31 mars à Nantes, comme le prolongement et l’aboutissement d'ateliers culturels jeune public initiés en 2022 et mis en place dans 40 bibliothèques de Loire-Atlantique.

Un système « d’adoption » entre bibliothèques et éditeurs internationaux

Chacune d'entre elles a acquis entre 50 et 100 livres auprès d’un des onze éditeurs partenaires : A Buen paso (Espagne), Bakame (Rwanda), Baobab (République tchèque), Jaimimage (Corée du Sud), Magikon (Norvège), One Stroke (Japon), Petra Ediciones (Mexique), Planeta Tangerina (Portugal), Tara Books (Inde), Topipittori (Italie) et Wytwormia (Pologne). Plusieurs exemplaires pour le même titre ont parfois été achetés par les bibliothèques qui les ont ensuite intégrés à leurs collections. Un programme d’ateliers culturels et artistiques associant auteurs, artistes, médiateurs, bibliothécaires, associations, etc., a ensuite été mis en place à partir de mai 2022 dans chaque établissement. Plus de 8000 enfants et scolaires y ont participé.

La bibliothèque municipale de Nantes a travaillé avec la galerie d'art coréen TrES, l'association Korea Nantes et la radio Jet FM. Des enfants de CE1, CE2 et de CM2 ont ainsi réalisé un livre audio bilingue adapté d’un album jeunesse sud-coréen de l’éditeur Jaimimage. Avec Tara Books (Inde) et les bibliothèques municipales d’Angers, les ateliers se sont organisés autour de la musique et de la danse… Tandis que l'association et le fonds documentaire Tissé Métisse a organisé des ateliers d’arts décoratifs typiques de la culture rwandaise en collaborant avec la maison d'édition Bakame.

Un festival au long cours qui met à l’honneur ses acteurs

Le festival débuté le 25 mars, court jusqu’au 23 avril. Dans les 1200 m2 de la salle d’expositions du Lieu unique, le public peut participer à des ateliers d’écriture et de création artistique. « Il y a aussi un coin "Place aux histoires", avec des conteurs », explique Claudie Robert, scénographe de l'événement. « En semaine, il y a des classes et le week-end les parents viennent avec leurs enfants ». Elle a également créé avec l’association Cellule B des cabines d’écoute suspendues sous lesquelles les visiteurs peuvent s’installer pour écouter des histoires originales.

Les visiteurs peuvent aussi s’arrêter devant une grande exposition de planches originales d’artistes et d’illustrateurs internationaux. Une autre est consacrée aux multiples productions réalisées par les scolaires avec les réseaux de lecture publique. La librairie Enfants terribles tient un stand achalandé par les centaines de livres des éditeurs étrangers partenaires. Pour Claudie Robert, cette manifestation littéraire est l’occasion de « montrer la richesse des langages, des illustrateurs et des auteurs du monde entier, pour mieux se représenter la Tour de Babel ».

Des petites maisons d’édition engagées et ouvertes

Les éditeurs de L’œil du monde se sont liés d’amitié au fil des années à la Foire de Bologne. Ils se sont entendus sur plusieurs principes, notamment celui « de ne pas placer le business au premier plan », a lancé Christine Morault. Créatrice de la maison A buen paso, Arianna Squilloni, a appuyé cette idée, affirmant « croire en quelque chose à dire plutôt qu’en quelque chose à vendre ». Ces éditeurs sont engagés à « éditer peu, au mieux, en travaillant le plus longtemps avec les auteurs, et sans jeter leurs livres au pilon », a avancé la présidente du festival. « Nous sommes toujours attentifs à ce qui se fait dans le monde, c’est une source d’inspiration et un point de repérage », a ajouté de son côté l’éditeur Paolo Canton et fondateur de Topipittori.

Engagés contre la standardisation culturelle du livre

« Nous décidons seuls des livres et des projets que nous voulons développer », a affirmé lors de la table ronde « Résister à l’uniformisation », Isabel Minhos Martins, autrice et cofondatrice de Planeta. Les éditeurs présents ont fait valoir l’idée que le livre pouvait être un objet hybride et pas toujours classifiable. La maison d’édition Petra (Mexique) par exemple « travaille avec beaucoup d’artistes », a insisté Peggy Espinosa. Cómo construir un volcán ("Comment construire un volcan", 2010) est un album rétrospectif de dessins du défunt peintre mexicain Vincente Rojo Almazan associés à des poèmes contemporains… « C’est un livre qui apprend à comprendre l’histoire des volcans, c’est un grand succès auprès des enfants et des adultes ». L'éditeur norvégien Sven Storksen (Magikon) a insisté sur la liberté des illustrateurs « qui est notre atout le plus important, notre seule arme contre la standardisation ».

L’œil du monde perdure et s’exporte

« Quand le festival sera terminé, les éléments de la scénographie seront confiés à d’autres lieux culturels ou bien remis à leurs créateurs », a expliqué la scénographe Claudie Robert. Quant aux titres internationaux achetés, « ils vont continuer à s’échanger entre les bibliothèques », s’est réjouie la présidente de L’œil du monde. L’association éponyme qui réunit les douze éditeurs a déjà le regard tourné vers 2024. « C’est Lise Martin qui va coordonner le collectif d’éditeurs », a annoncé Christine Morault. Et l'année prochaine s'annonce bien chargée : « Chaque maison d’édition va organiser un "Œil du monde" dans son propre pays, en 2024, ce sera Wytwormia à Varsovie, Baobab à Tabor et Topipittori à Bologne lors de la foire du livre ».

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