"L’Etat français a réussi à faire ce à quoi s’acharnait, depuis des années, la plus grande partie de sa famille : tuer Vincent Lambert", écrit l’auteur de Sérotonine (Flammarion, 2018) dans une tribune publiée sur le site du Monde rédigée avant le décès de l’ancien infirmier de 41 ans. Après une longue bataille judiciaire opposant les parents de ce dernier, pour le maintien en vie, à sa femme et six de ses frères et sœurs, pour l’arrêt des traitements, la Cour de Cassation a autorisé, le 28 juin, l’hôpital à entamer le protocole médical qui accompagne la fin de vie.
"J’avoue que lorsque la ministre 'des solidarités et de la santé' [Agnès Buzyn] (j’aime bien, en l’occurrence, les solidarités) s’est pourvue en cassation, j’en suis resté sidéré, maugrée l’écrivain, décoré en avril de la Légion d'honneur par Emmanuel Macron. J’étais persuadé que le gouvernement, dans cette affaire, resterait neutre. Après tout, Emmanuel Macron avait déclaré, peu de temps auparavant, qu’il ne souhaitait surtout pas s’en mêler."
"Une brèche a été ouverte"
Très critique à l’égard du gouvernement et du président de la République, l’écrivain ironise : "L’hôpital public est sur-char-gé, s’il commence à y avoir trop de Vincent Lambert, ça va coûter un pognon de dingue (on se demande pourquoi d’ailleurs : une sonde pour l’eau, une autre pour les aliments, ça ne paraît pas mettre en œuvre une technologie considérable)".
Pour Michel Houellebecq, Vincent Lambert "est mort d’une médiatisation excessive" et la ministre de la santé Agnès Buzyn a voulu faire "un exemple [pour] ouvrir une brèche [et] faire évoluer les mentalités". Puis de constater : "une brèche a été ouverte […]. Pour les mentalités, j’ai des doutes. Personne n’a envie de mourir, personne n’a envie de souffrir : tel est, me semble-t-il, l’'état des mentalités', depuis quelques millénaires tout du moins".