Depuis 2008, le Mexique fait partie des rares pays au monde à disposer d'une loi sur le prix unique du livre. Mais cinq ans après son entrée en vigeur, les professionnels dénoncent son inefficacité et constatent que certains continuent de jouer avec les prix en toute impunité.
Selon Marcelo Uribe, directeur des éditions Era, la loi sur le prix unique du livre n’a qu'une fonction "décorative". "Qu’est-il arrivé à la Loi du livre que nous avons proposé ? Deux articles essentiels ont été modifiés : c’est devenu une loi irrégulière, molle, inutile, strictement ornementale et très difficile à appliquer", constate l’éditeur, qui qualifie le marché mexicain de "malade".
Lors de la Foire du livre de Guadalajara, Marcelo Uribe a invité les professionnels à réfléchir sur les modifications à apporter à la loi sur le prix unique. Et à repenser la place du livre dans la société mexicaine. "Si on considère la lecture comme un outil social et non comme un ornement rhétorique, nous devons donner une opportunité aux livres, éviter la mécanique perverse des prix enflés et des fausses réductions afin de donner l’accès à la lecture aux gens par les voies naturelles d’un marché efficient", estime l’éditeur, qui est aussi traducteur et poète.
Un point de vue partagé par Aldo Falballa, vice-président de la chambre nationale de l'industrie éditoriale mexicaine (Caniem), qui estime que la loi du livre n’est pas respectée au Mexique, ce qui favorise "la disparition des librairies, l'appauvrissement de l'offre et la consolidation des monopoles". Selon la Caniem, plus de 200 librairies ont disparu au cours de la dernière décennie, dont une quarantaine rien que ces trois dernières années.