Entretien

Matz, scénariste du "Tatoueur" : "Mes personnages sont en prise avec l'existence"

Bamboo édition

Matz, scénariste du "Tatoueur" : "Mes personnages sont en prise avec l'existence"

Dans la capitale française un peu révée et sur fond de complot de chauffeur de taxi, Le tatoueur est la nouvelle bande dessinée de Matz. En collaboration avec le dessinateur hongrois, Attila Futaki, l'album paraît cette semaine. Il évoque son style, ses thèmes, ses projets et... David Fincher.

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Par Thomas Faidherbe,
Créé le 02.04.2021 à 00h20

Le tatoueur est le nouvel album d'Alexis Nolent, plus connu sous le nom de Matz et d'Attila Futaki, qui est paru le 31 mars chez Bamboo. Entre expérience particulière et histoire inattendue, Matz dévoile à Livres Hebdo les origines de l'album. 

Comment est née votre collaboration avec Attila Futaki? 

Le tatoueur a une histoire particulière. Nous nous sommes rencontrés il y a quelques années. Nous avons très vite décidé de travailler ensemble. Une opportunité s'est présentée pour nous deux. Attila s’est vu proposer de publier un feuilleton dans un magazine hongrois, à raison d’une page par semaine. A partir de ce moment, il a fallu se mettre au travail le plus rapidement possible. C’est une expérience assez originale en termes d’écriture pour moi, parce que la publication était presque instantanée. Il y avait deux contraintes inhabituelles pour écrire : celui de devoir produire un résultat en flux tendu et à un rythme rapide. Chaque semaine, les lecteurs devaient s’y retrouver. C'était un défi intéressant ou on passe moins de temps que sur un scénario normal.

Le tatoueur raconte l'action révolutionnaire de la part de chauffeurs de taxi. Comment cette idée s'est-elle manifestée ?

L'histoire derrière Le Tatoueur remonte à plusieurs années. Un soir, j’ai rencontré un chauffeur de taxi, qui m’a tenu un discours très proche de celui de la bande dessinée. Il m'expliquait que les chauffeurs connaissaient beaucoup de secrets sur tout un tas de personnes. Et que s’ils voulaient, ils pourraient les faire chanter. Cette histoire, je l’ai mise dans un coin de ma tête et je me suis promis de la ressortir un jour. J'ai donc décidé de l'intégrer à l'album, en tant qu'élément central. Finalement ce genre d'histoire vient toujours de manière un peu inattendue. A un moment, on se dit "tiens, cela pourrait faire une histoire". Ensuite avec Attila, on souhaitait ajouter un tatoueur. On s'est dit que le monde du tatouage est très peu représenté...

Vous aimez partir en reconnaissance pour certains de vos scénarios. C'est le cas pour la série Tango (Le Lombard) où vous êtes partis dans la Cordillère des Andes. Quelle a été votre routine pour le Tatoueur

Le Tatoueur se déroule à Paris. Etant parisien depuis longtemps, je n’ai pas eu besoin de me forcer pour les repérages. Mais ce qui est intéressant dans l’album, c’est pla vision de Paris d’Attila. On retrouve un côté désuet. Ce n’est pas à 100% réaliste, ce qui donne un côté onirique à la bande dessinée. On a décidé de garder cet aspect, celui d’un Paris un peu rêvée, insaisissable. On peut même se demander si tout ça existe bien. 

Y a t’il un style Matz ? 

Je pense que oui, notamment dans la façon de décrire les dialogues. Je pense aussi que mes histoires tournent autour des mêmes thèmes, même quand il s’agit de BD historiques comme le Travailleur de la nuit (Rue de Sèvres) ou Julio Popper (Rue de Sèvres). Il y a donc quelque chose en commun. Comme on le voit dans Le Tueur (Casterman),, mes personnages sont en prise avec l’existence, portés par des réflexions autour de la conscience des uns et des autres. C'était aussi le cas dans le XIII mystery (Dargaud).

Après l'adaptation cinématographique du Plomb dans la tête par Walter Hill, votre travail séduit encore une fois le 7e art. Le Tueur va être par David Fincher pour Netflix. Vous avez précédemment collaboré avec le réalisateur américain, en tant que co-auteur, sur l'adaptation en BD du Dahlia Noir de James Ellroy. Qu'avez-vous ressenti avec cette annonce ?

Je suis extrêmement content. Le fait que ça soit David Fincher, cela offre une autre dimension à l’annonce, car c’est un très grand réalisateur, peut être l’un des meilleurs. Non seulement c’est génial d’être adapté, mais avec Fincher à bord, on se dit que ca sera, en plus, un bon film. C’est très motivant de voir son travail adapté par un aussi grand réalisateur. Sans oublier le scénariste, on a un attelage de premier choix. Il y a de quoi être confiant et enthousiaste.

Pouviez-vous imaginer une adaptation de la part de David Fincher ?

Non, pendant plusieurs années, je n’ai pas eu de proposition d’adaptations. Finalement, à partir de la publication aux Etats-Unis, les choses ont changé. Les premières adaptations sont d'ailleurs venues des Etats-Unis. D’emblée, l'album séduit. De gros noms ont été intéressés. Alors qu'en France, je n'ai eu aucune proposition de la part des producteurs.

Scénariste, ancien co-directeur de la collection Rivages Casterman noir, vous êtes également actif dans le domaine du jeux vidéo, des séries TV, quelle sera la suite ?   

La grosse surprise, c'est l'adaptation du Tueur aux Etats-Unis pour Netflix. A côté, je vais continuer dans la bande dessinée. J’ai pas mal de projets en cours dont l’adaptation dans l’esprit roman graphique du roman Surface d’Olivier Norek (Michel Lafon). J’ai également les séries Tango et Le Tueur qui vont continuer. Deux nouveaux albums sortiront à la fin de l’année. 

Avec plus de 50 albums BD à votre actif, de quoi êtes-vous le plus fier ?

Je dirais ex-aequo, les débuts de la série Le tueur et Adios Muchachos de Paolo Bacilieri dans la collection Rivages/Noir de Casterman. 

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