Quand Harriet rencontre Max. Auteur de romans, de livres pour la jeunesse, d'essais... Martin Page a plusieurs cordes à son arc, ou plutôt à son violon. Avec La tendresse des catastrophes (Escales, 2025), il nous joue un air romantique, mais entraînant, voire tendu, avec ses mouvements, ici presto, là vivace. Pour ce retour en fiction, l'auteur de L'art de revenir à la vie (Seuil, 2016) met en scène des personnages dont les caractères sont aux antipodes : Harriet est volontaire, si ce n'est un brin cynique, Max est quant à lui un doux rêveur qui entend agir pour le bien commun (il tient un restaurant de produits périmés).

Dans ce roman aux allures de rom com vécue comme un jour sans fin de la crise existentielle, ce n'est pas tant la vie en rose qu'en névroses. Ces deux-là se retrouvent dans la salle d'attente de leur psy. Max reconnaît cette jeune femme rencontrée dix ans auparavant au mariage d'amis communs et qui lui avait bien plu. Harriet se souvient également du garçon, et lorsqu'il ose lui adresser la parole dans cet espace neutre de l'antichambre de l'analyse, elle lui rétorque : « Vous m'avez vomi dessus. » Pas que, se défend-il. Et elle de filer opportunément sur le divan. Mais si Harriet et Max attendent au même au même endroit, à chacun sa psy... Jeu de l'amour et du bazar : le reste est joyeusement chaotique sur fond d'éco-anxiété, et les reparties d'Harriet sont des scuds pleins d'esprit. On goûte ici un Martin Page renouvelé, façon comédie romantique, comme on retrouve avec bonheur son motif du loser qui jamais ne perd son aptitude à aimer.