Mario Martone, qui s'est attaché à restituer dans Fuori l’idée de la liberté qui transparaît dans l'œuvre et la vie de Goliarda Sapienza, a répondu à nos questions. Entretien réalisé avec le concours de Vicky Lasserre pour la traduction en italien.
Mario Martone : « Fuori représente un moment de crise intense dans la vie de Goliarda Sapienza »
Livres Hebdo : Pourriez-vous expliquer la manière dont est né ce projet d’adaptation ?
Mario Martone : C’est un projet qui est né il y a cinq ans, d’abord au théâtre, puis j'ai décidé de l'adapter au cinéma. Mais c'est Ippolita di Majo, la co-scénariste, qui a pensé à écrire un récit autour du rapport entre Goliarda et Roberta, à partir du livre Les certitudes du doute (Le Tripode, 2015). Ce rapport est très représentatif de toute la liberté de l’écriture et du monde propre à Goliarda, il était important de porter cette relation au public et au cinéma.
Fuori est tiré de l'autobiographie L'università di Rebibbia. Y a-t-il une part de fiction dans votre film ?
D’une manière générale, nous sommes restés très fidèles à l’œuvre. Mais j’ai surtout voulu coller à son écriture qui est très elliptique avec beaucoup d'improvisation. Je voulais que le film parle de cette liberté et soit tout aussi libre.
Pourquoi se concentrer sur cette période précise de la vie de Goliarda Sapienza ?
Cette période est centrale puisqu'elle représente un moment de crise intense, qui suit le vol des bijoux et le passage par la prison. Et c'est à partir de cette crise qu'elle vit cette renaissance. Cette période illustre parfaitement ce qu'était Goliarda, sa capacité à tomber et à se relever.
« Une compréhension de ce qu'était Goliarda Sapienza dans une certaine temporalité de sa vie »
Comment s'est déroulé le tournage ?
Le tournage a duré huit semaines. Il était essentiel de tourner à Rebibbia (la prison pour femmes où a séjourné Goliarda Sapienza en 1980). Des détenues et ex-détenues ont joué dans le film, car c’était important d’amener cette vérité, y compris pour les actrices. Nous avons aussi beaucoup collaboré avec le mari de Goliarda Sapienza, Angelo Maria Pellegrino. Il a même ouvert sa maison et ses archives pour le tournage.
Était-ce une évidence que Valeria Golino joue le rôle de Goliarda Sapienza ?
Oui, le projet est même parti d’elle. J’ai été très surpris d'apprendre que Valeria Golino avait acquis les droits de L'Art de la joie (pour la mini-série italienne éponyme en six épisodes diffusée en 2024, ndlr). Il y avait donc un terrain commun de travail. En ce qui concerne l'actrice qui incarne Roberta, il y a eu un réflexion importante car elle n’est pas romaine. Elle a dû s’approprier la langue, la façon de parler. Rome a un rôle essentiel dans le film et les personnages entretiennent un rapport très fort avec cette ville.
Comment définiriez-vous votre relation avec l’œuvre de Goliarda Sapienza ?
Ce que j’aime par-dessus tout, ce sont les artistes et leur vie. Plus que les faits, c'est l’esprit de ces artistes que j’essaie de recueillir. Fuori, c’est l’idée de la liberté qui transparaît à travers les œuvres de Goliarda Sapienza et à travers sa vie. Ce film est une compréhension de ce qu'elle était dans une certaine temporalité de sa vie.
Si vous pouviez résumer ce film en quelques mots, comment le feriez-vous ?
Amore totale.
Récit de la vie d'une autrice majeure
