Livres Hebdo - Comment le livre de Jean-Christophe Rufin est-il arrivé entre vos mains ?
Marie-Christine Guérin - Cela s’est fait de manière naturelle. Passionné de montagne, Jean-Christophe Rufin possède une maison à Saint-Nicolas-de-Véroce. Il nous a été présenté par Antoine Chandellier, l’un de nos auteurs, qui avait remarqué nos couvertures rouges dans sa bibliothèque. Il rentrait de Compostelle et il a écrit d’un seul jet ce qu’il avait en mémoire (il n’avait pas pris de notes). Nous l’avons publié au printemps.
Comment expliquez-vous son succès ?
Le sujet - Compostelle - a attiré des lecteurs qui ne connaissaient pas Rufin ; et le public de Rufin a découvert Compostelle… En période de crise, les lecteurs recherchent moins les exploits que des héros modestes. Rufin est plus tourné vers la sérénité qu’attiré par le dépassement de soi. C’était le bon livre au bon moment. Notre implantation à Chamonix a aussi joué : la presse et le public y ont trouvé une bouffée d’air frais.
Qu’est-ce que cela a changé dans la vie de la maison d’édition ?
Le score d’Immortelle randonnée, mais aussi ceux de la bio-autobiographie de Patrick Edlinger [mort en décembre 2012] et de Born to run de Christopher McDougall ont eu d’énormes conséquences sur la maison. Nous avons changé de diffuseur comme c’était initialement prévu, et choisi le CDE, ce qui nous permet d’être davantage présents en librairie. Nous avions une belle image, ils ont contribué à nous donner une belle notoriété.
Vous vous appuyez sur le groupe Paulsen Media BV, de Frederik Paulsen, explorateur et industriel de la pharmacie, mais ces résultats vous permettent-ils d’envisager de nouvelles évolutions ?
Le succès de Rufin et le développement des deux maisons - nous avons en charge Paulsen éditions, spécialisée dans le Grand Nord et les pôles - ont été concomitants. En 2015, nous publierons dix nouveautés dans chacune. Notre équipe est passée de quatre à huit personnes, dont un directeur artistique et deux éditrices. Et nous lançons en avril une nouvelle collection littéraire, "Démarches", inaugurée par Entre père et mer de Yann Queffélec, sur les traces de son père Henri en Bretagne, suivi à l’automne d’un texte de Sylvain Tesson, qui a refait le trajet de Napoléon entre Moscou et Paris.
Comment voyez-vous l’avenir des éditions Guérin ?
D’autres projets verront le jour en 2015 et 2016. Il y a une part de chance dans ce succès. Nous sommes conscients d’avoir des atouts en main, mais nous devons veiller à conserver notre ligne éditoriale et l’attention aux textes que nous avons réussi à imposer.
C. C.