Pour les Rencontres nationales de la librairie organisées à Lille les 21 et 22 juin, le Service du livre et de la lecture du ministère de la Culture (SLL) publie une étude sur l’accès des librairies aux marchés d’achat de livres des bibliothèques qui sera présentée dans le cadre d’un atelier thématique consacré aux marchés publics, et à laquelle Livres Hebdo a eu accès en avant-première. Fondée sur une analyse des données de la Sofia entre 2005 et 2012 (1), elle montre que si le circuit de la librairie reste, avec 70 % des achats, le principal fournisseur des bibliothèques, le segment des très grandes libraires (TGL avec un CA-livre de plus de 12 millions d’euros) réalise sur la période étudiée une véritable envolée, avec une part de marché bondissant de 12 % à 22 %. Cette montée en puissance, particulièrement marquée dans les bibliothèques universitaires et dans les bibliothèques départementales de prêt, s’est faite essentiellement au détriment des librairies de chaîne ainsi que des grossistes et des fournisseurs spécialisés et, dans une moindre mesure, des librairies généralistes. Bien qu’aucun nom d’enseigne n’apparaisse dans le cadre de l’étude, on sait que Decitre est aujourd’hui devenu, et de loin, le premier fournisseur des bibliothèques, devançant largement le grossiste SFL, filiale de la Fnac. Confirmant les évolutions déjà perceptibles dans une étude réalisée par le SLL en 2010 (2), les données rassemblées corroborent la difficulté de remettre l’ensemble des librairies au cœur du circuit des commandes publiques. Le mouvement, pourtant amorcé avec la loi de 2003 instaurant le plafonnement à 9 % des rabais aux collectivités, a été entravé par les réformes successives du code des marchés publics qui ont poussé les collectivités à "sur-formaliser" les procédures d’achat afin de se prémunir contre tout risque de contentieux. Dès lors, les marchés, même s’ils restent encore majoritairement de proximité, le sont de moins en moins. En 2012, 29 % des achats ont été réalisés auprès de fournisseurs d’une autre région, contre 23 % en 2005. Ceux-ci sont majoritairement captés par les très grandes librairies, qui réalisent 63 % de leurs ventes aux bibliothèques en dehors de leur propre région. Clarisse Normand
(1) Voir aussi LH 1046 du 12.6.2015, p. 14 à 17. (2) Voir LH 829 du 20.8.2010, p. 20-21.