Prague, 1552. La petite Zelmira aime flâner tard le soir dans les rues de la ville. Pas de meilleur observatoire pour les scènes inédites… Une nuit, elle surprend le Maharal - un éminent rabbin - en train de façonner le Golem, une créature capable de protéger sa communauté contre les exactions dont elle est la victime. L’empereur Rodolphe II, éclairé mais mélancolique, n’est pas un ennemi des Juifs, mais son conseiller, le moine Thadée, n’a qu’une obsession, les éradiquer. De même, il n’apprécie pas ceux qui dérogent à sa vision du monde, les Tycho Brahé et les Arcimboldo dont s’entiche l’empereur. Fort et dressé pour vaincre, le Golem parvient à défendre le ghetto des persécutions. Hélas, l’ingénieux Thadée a l’idée d’enlever la petite Zelmira et se sert d’elle comme monnaie d’échange contre le Golem qui a échappé au contrôle du Maharal.

Eliette Abécassis, fille d’un grand penseur du judaïsme, signe ici son premier roman pour la jeunesse. Elle recrée avec talent l’ambiance de cette Prague du XVIe siècle, où la cour de Rodolphe II était férue d’astrologie, de science et d’art. Cette légende, tirée de la mémoire collective, dit-elle, résonne particulièrement à nos consciences contemporaines inféodées aux nouvelles technologies en tous genres. L’onirisme et la poésie qui nimbent les grandes planches à la gouache et à l’huile de Benjamin Lacombe achèvent de nous ravir. Mention spéciale aussi à la bonne bouille du Golem, dont on ne sait trop si elle est ahurie ou inquiétante. Fabienne Jacob