Les états d'âme d'un globe-trotteur. Autrefois, les travel writers posaient parfois au surhomme. Impavides, en dépit des aventures les plus périlleuses. Avec Luigi Farrauto, nouvel écrivain voyageur italien de 44 ans dont Géographie d'un voyageur craintif est le premier vrai livre, on est dans la tendance inverse. Avec une bonne dose d'autodérision, il raconte les nombreux voyages qu'il a accomplis en dépit de ses angoisses, peurs, phobies, tocs, paranoïas en tous genres. Et d'une mélancolie tenace. Pourtant, bourlinguer est son métier. Designer de formation, il a vécu un peu partout avant de se fixer à Milan, et, depuis 2013, il est rédacteur de guides de voyage chez Lonely Planet.

Luigi Farrauto, fier des sangs mêlés qu'il a détectés dans son ADN, revendique son tropisme vers l'Orient, Proche et Moyen, et l'Asie. Les autres continents, ainsi que l'indique le planisphère placé en début de son recueil en guise de table des matières, l'attirent moins. Il n'est jamais aussi heureux que dans les rues d'une vieille cité arabe, pourvu que ses monuments ne soient pas restaurés. Farrauto avoue qu'au présent, il a « toujours préféré le passé, l'archéologie ».

Il nous offre ici douze récits, de Hong Kong à Yazd en Iran, la ville des zoroastriens où il a d'ailleurs manqué de laisser sa peau : alors qu'il méditait sur la terrasse d'une maison, celle-ci s'est effondrée sous lui. Il en a réchappé, amoché. Malgré sa « peur de tout » (maladies, insectes, avions, montagnes...), il se laisse entraîner, va voir, photographie et raconte avec humour. Ainsi le lecteur peut-il plus aisément s'identifier au héros. Vivement qu'il reparte.