Jeunesse

Barbapapa : 55 ans de succès en librairie et sur petit écran

Depuis 55 ans, la famille des Barbapapa continuent de séduire petits et grands, lecteurs comme téléspectateurs. - Photo Studio Normaal

Barbapapa : 55 ans de succès en librairie et sur petit écran

Imaginée par Anne Tison et Talus Taylor en 1970, la série Les Barbapapa célèbre aujourd’hui plus d’un demi-siècle d’existence. Portée par le succès durable de ses albums et de ses adaptations à l’écran, la famille métamorphe n’a pas fini de conquérir les nouvelles générations.

Par Élodie Carreira
avec AFP Créé le 06.08.2025 à 11h44

Ils sont nés dans une brasserie parisienne. Cinquante-cinq ans plus tard, Les Barbapapa, ces personnages multicolores, écolos et métamorphes, continuent de traverser les générations et les frontières, rajeunis et rafraîchis par les enfants de leurs discrets créateurs.

« Il y avait déjà tout dans les livres d’origine », assure à l’AFP Alice Taylor, fille du couple franco-américain formé par Annette Tison, disparue en 2010, et par Talus Taylor, mort cinq ans plus tard. Couplant leurs imaginations, les deux artistes ont donné vie à une série devenue incontournable pour la jeunesse.

Huit millions d’exemplaires vendus en France

Depuis la création des premières aventures de Barbapapa, Barbamama et leur sept barbabébés en 1970, huit millions de livres se sont vendus en France, pour près de 80 titres. Traduite dans plus de 30 langues, la série continue, à ce jour, de s’écouler à un million d’exemplaires chaque année dans le monde, d’après Les Livres du Dragon d’Or, son éditeur depuis 2003.

Adaptés à l'écran dès 1974 sur l'ORTF, escortée d’un générique culte, les albums continuent de se décliner, depuis 2019, dans une nouvelle série. Intitulée Barbapapa en famille, celle-ci compte parmi les cinq dessins animés les plus populaires de TF1 et est diffusée dans une centaine de pays via la chaîne Nickelodeon JR. Boostés par une tendance TikTok, la « barbatrend », qui consiste à rajouter « barba » devant des mots, les petits héros en forme de poire et de quille ont même suscité plus de 15 millions de publications en ligne en 2025.

Une famille pionnière de l’écologie

Dans la nouvelle série, le « hup hup hup barbatruc », qui annonçait l’arrivée d’une transformation, et la voix du chanteur Ricet Barrier ont disparu. Mais reste les valeurs fondamentales d’entraide de cette famille précurseure en matière d'écologie, abordant aussi bien le rapport aux écrans que les dangers des algues vertes.

Déjà en 1974, dans l’album L’Arche (L’Ecole des loisirs), les Barbapapa étaient représentés en train de sauver des animaux victimes de la pollution ou traqués par des humains et fuyant sur une autre planète. « On a l'impression qu'ils parlent d'aujourd'hui, c'est fou », constate Alice Taylor, qui écrit et réalise avec son frère, Thomas, les nouveaux épisodes produits par le studio tricolore Normaal. 

Mais quid des créateurs originels de la série ? Très discrets et peu présents médiatiquement, ils n’ont finalement laissé peu qu’une documentation limitée. « Ils estimaient, et je ne suis pas loin de partager leur avis, que c'est leur travail qui parle pour eux », explique Alice Taylor.

Des créateurs discrets

Néanmoins, quelques informations donnent, à minima, une idée de leur rencontre, jusqu’à la création des Barbapapa. Avant cela, ancien professeur de mathématiques, Talus Taylor a « beaucoup voyagé » et « fait plein de trucs », jusqu’à sa rencontre avec Annette Tison, architecte de formation au parcours « plus linéaire ».

Le couple a l’habitude de se retrouver au Zeyer, une brasserie parisienne, avec d’autres étudiants lorsque naissent les premières esquisses de cette « espèce d’animal qui change de forme ». « Cela se passe autour des années 1968 parce que mon père trouvait ça marrant d'aller faire le zozo à regarder les étudiants sur les barricades », raconte Alice Taylor. « Lui n'arrivait pas à suivre parce que son français n'était pas bon et il dessinait des âneries sur la serviette », ajoute la quinquagénaire.

Quant au nom du personnage, il prend forme lorsque, lors d’une balade, Talus Taloy et Annette Tison découvrent le mot « barpapa » auprès d’enfants réclamant ces sucreries. S'ensuit un premier album, traduit en « anglais, hollandais, japonais », avant de faire le tour du monde. Peu de temps après, la série animée connaît deux saisons, une en 1974 puis en 1977, avant qu’une nouvelle déclinaison n’apparaisse au Japon en 1999.  

Une série en héritage

En France, TF1 gère la marque et les produits dérivés depuis le début des années 2000. Alice et Thomas Taylor, tous deux formés à l’architecture, ont pris la relève une quinzaine d’années plus tard, d’abord avec l’écriture de leurs premiers livres Barbapapa, puis avec celle d’un nouveau dessin animé, pour lequel certains scripts signés par leur mère ont servi de base.

Alors que Thomas Taylor, qui vit à l'étranger, s'occupe davantage des scénarios, Alice se situe davantage du « côté graphique » - proportions des personnages, décors, transformations « extrêmement rigolotes à faire ». Un héritage que cette diplômée de la section animation de l'Ensad (Arts décoratifs), invitée à « faire du rangement » dans l'entreprise familiale au tournant du XXIe siècle, n'envisageait pas forcément : « La société a été créée par ma mère pour la gestion des droits dérivés et au bout d'un moment, elle m'a dit : « je vous laisse les clés, salut ! » 

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