A Bordeaux, dimanche et lundi, aux 2es Rencontres nationales de la librairie, les libraires français vont comparer leurs expériences. L’une des vertus de ce genre de rassemblement tient justement à cette confrontation qui permet, dans une période difficile, de se sentir moins seul face à l’adversité. En élargissant la focale, l’enquête sur les « Librairies dans le monde » que Livres Hebdo a commanditée pour l’occasion avec le soutien du Cercle de la librairie (disponible sur Livreshebdo.fr et sur Cercledelalibrairie.com), et dont nous donnons une synthèse dans ce numéro « Spécial librairies », devrait renforcer cet effet. Si cette étude fait apparaître des disparités dans la situation de la librairie des six pays (Allemagne, Pays-Bas, Espagne, Royaume-Uni, Etats-Unis et France) que nous avons analysés, on retiendra surtout que, partout, elle est fragilisée par la crise économique, le recul de la lecture et le commerce en ligne, mais que - presque - partout la librairie indépendante relève la tête.
Dans la plupart de ces pays, la grande distribution de livres s’effondre. Mais en parallèle, les librairies indépendantes se revivifient en se recentrant sur leur communauté et en se repositionnant comme l’acteur culturel de leur ville ou de leur quartier. C’est le cas aux Etats-Unis, comme en Grande-Bretagne ou en Allemagne, sous l’impulsion du mouvement « Buy local ». En France, de plus en plus de libraires mettent en œuvre cette « locale attitude » en utilisant tous les ressorts possibles pour séduire et fidéliser leur public, allant même jusqu’à mutualiser leurs moyens et leurs efforts. Nous en passons un certain nombre en revue dans le dossier de ce numéro en forme de « boîte à idées ».
Ce militantisme citoyen figurera à Bordeaux parmi les leviers sur lesquels la librairie peut s’appuyer aujourd’hui. Un atout largement relayé par les pouvoirs publics - comme nous l’avons montré la semaine dernière en mettant en lumière l’action de plusieurs maires pour sauver les librairies de leur ville. « Aucun des pays de notre corpus ne bénéficie de dispositifs d’aide équivalents aux dispositifs français spécifiques à la librairie », souligne précisément notre étude. Nous espérons pouvoir le constater à Bordeaux, avec le discours très attendu de la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti.