1er juin > Jeunesse France > Christelle Dabos

Lecteur peu avide d’univers fantastiques, attention au saut dans le vide. Un vide très plein, foisonnant de singularités en tout genre, "esprits de familles", foires où l’on se salue d’un "Joyeuses tocantes !", transports en "tramoiseaux". Ce troisième tome de la saga à succès, La passe-miroir, nous propulse dans une fabuleuse Babel. Voilà des lustres que la jeune Ophélie, aussi myope que spontanée, et ce n’est pas peu dire !, s’étiolait sur son arche d’Anima où des Doyennes sourcilleuses et protocolaires surveillaient ses moindres faits et gestes. D’autant qu’elle était devenue inconsolable depuis la disparition de son étrange mari, Thorn. Un franchissement de Rose des vents plus loin, abracadabra, elle atterrit dans une Babel cosmopolite et brillante, mais régie par des tabous draconiens. Là, sous une fausse identité, elle postule pour un job d’"avant-coureur" (entendez : grand spécialiste de l’information), histoire d’accéder au Secretarium du Memorial. Autant dire le saint des saints. Ses concurrents ont des pouvoirs inouïs, comme d’extorquer des confidences à autrui. Ophélie, elle, ne possède que celui de "liseuse", qui lui permet de percevoir des informations par simple toucher. Malgré son indécrottable honnêteté qui manque de la discriminer, elle décroche le poste et n’a de cesse qu’elle ne retrouve l’insondable Thorn et la Vérité - rien que ça ! Après 460 pages de péripéties survitaminées, bourrées d’humour et d’imaginaire débridé, le lecteur est un peu soulagé de retrouver un monde où l’on emprunte de simples bus, où les tocantes indiquent l’heure juste et où on lit en toute tranquillité de bons vieux livres. Fabienne Jacob

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