Avec un titre clin d'oeil, digne d'un sujet psycho de magazine féminin, Pascal Morin revient après trois ans pour un cinquième roman plein d'une légèreté à laquelle l'auteur ne nous avait pas habitués. Après une tétralogie autour des quatre éléments - L'eau du bain (2004), Les amants américains (2005), Bon vent (2006), Biographie de Pavel Munch (2009) - qui embrassait des sujets sombres, le romancier semble avoir entamé un nouveau cycle en imaginant une chorégraphie sentimentale pour une Parisienne de 50 ans, professeure de français en banlieue.
La bien-nommée Catherine Tournant aborde en effet un moment charnière de sa vie. Divorcée, elle enseigne depuis dix-sept ans au lycée Saint-John-Perse d'Aulnay-sous-Bois et vit seule dans un appartement près de la gare de l'Est, sa fille unique poursuivant des études brillantes aux Etats-Unis. La coïncidence et l'enchaînement d'une série de rencontres vont venir bousculer cette femme au quotidien réglé et aux désirs anesthésiés. Dans l'ordre d'entrée dans la danse : une lycéenne d'origine polonaise dont la mère vient de mourir, un artisan plombier sénégalais et son père, prof d'histoire, un styliste en vue, une nièce psychothérapeute... Des Parisiens aux identités composites dont les trajectoires a priori parallèles vont se croiser.
Pascal Morin ne craint pas de manipuler les rebondissements issus du hasard, de jouer avec les archétypes, y compris ceux du récit. Mais, si les situations n'ont rien d'aussi explicitement tragiques que dans les romans précédents (même la scène d'enterrement qui ouvre le roman est traitée sur un mode décalé et burlesque), d'"autres questions capitales » traversent les vies des personnages : préjugés de tout poil, sentiment d'imposture, rejet, ruptures, besoin d'amour... sont autant de thèmes traités en situation. Comment peut-on être Parisien ? (mais aussi noir, juif, goy ou provincial...) pourrait aussi s'appeler ce conte optimiste aux voies de résolution ouvertes et lumineuses.