Dénonçant "une décision unilatérale" pénalisante pour la profession, le Syndicat des libraires francophones de Belgique (SLBF) a adressé une lettre ouverte aux éditeurs distribués et diffusés par Dilibel afin de les "sensibiliser" à ce changement de politique commerciale. L'objectif est de les interpeler sur un possible soutien "en n'acceptant pas que leur remise soit baissée pour le libraire."
Pour le syndicat, la baisse généralisée des remises vise à faire supporter par les libraires le manque à gagner qu'entraine, chez le distributeur, la disparition de la tabelle.
Une option jugée insupportable au regard des situations économiques respectives. Rappelant la fragilité économique des librairies dont " la rentabilité moyenne tourne autour de 1% ", le SLBF revèle des niveaux de rentabilité, compris ces dernières années chez Dilibel, entre " 3,8% et 3,9% ".
Distributeur vs librairie
"Si nous partageons l'intérêt de garder une structure de distribution en Belgique et reconnaissons la qualité du travail rendu par Dilibel, nous estimons que ce n'est pas aux libraires à en payer le prix" assure le SLBF. Le syndicat s'étonne que "ni Hachette ni Dilibel n'ait anticipé la baisse de cette tabelle dont on parle depuis de nombreuses années ". Il pointe aussi le fait que "d'autres distributeurs existent en Belgique sans avoir besoin de tabelliser leurs livres et Hachette n'a jamais eu besoin de la tabelle pour distribuer ses livres en France".
En Belgique, Patrick Moller (DG de Dilibel) s'est abstenu de tout commentaire, renvoyant la problématique au siège d'Hachette à Vanves. Face aux récentes évolutions du marché belge, Hachette estime que " l'adoption du prix unique, en mettant fin au discount, a redonné de la marge aux libraires" alors que "la disparition de la tabelle, en faisant baisser les prix, met en difficulté les distributeurs qui finançaient une qualité de service de proximité très supérieure aux standards français grâce à des forces de vente et un stock-entrepôt local".
Considérant que "les seuls perdants sont les distributeurs", Hachette explique qu'il n'y avait "que deux options : soit renoncer à leur présence locale ; soit partager mieux l'effort. Nous avons choisi la seconde option, pour le moment". Et de préciser : "nous recevons des témoignages de libraires qui se félicitent que le groupe Hachette Livre maintienne sa présence."