Trouver une place de travail en bibliothèque se transforme parfois en parcours du combattant pour l’étudiant parisien. Malgré l’ouverture de plusieurs bibliothèques universitaires au cours de la dernière décennie, le déficit persiste et pourrait même s’aggraver au cours des prochaines années si l’offre n’augmente pas : c’est le constat dressé par l’Inspection générale des bibliothèques dans son rapport publié le 22 octobre sous le titre « L’offre de places de travail dans les bibliothèques de Paris pour les étudiants de premier cycle ». Actuellement, l’offre est d’une place pour 12,28 étudiants sur l’ensemble des 22 bibliothèques universitaires et interuniversitaires de la région parisienne, et d’une place pour 8,14 étudiants si on ajoute les grands établissements comme la Bibliothèque nationale de France, ainsi que les bibliothèques municipales de Paris et de la proche banlieue. Dans tous les cas, on est encore loin de l’objectif d’une place pour 7 étudiants fixé par le plan Université du 3e millénaire 2000-2015. La situation est cependant paradoxale, car si les établissements du centre de la capitale connaissent une forte pression, certaines bibliothèques ne font pas le plein, souvent en raison de restrictions dans les conditions d’accès, mais aussi parce que les pratiques des étudiants ont changé : l’usage d’Internet et du numérique n’a pas fait disparaître le besoin de lieux de travail collectif, mais le choix d’une bibliothèque se fait désormais autant pour des raisons pratiques (horaires, localisation, etc.) que pour ses collections.
Fluidifier les flux
L’ouverture prochaine de plusieurs établissements, qui créera environ 3 200 places, ne suffira pas à résoudre le problème, notamment pour Paris intra-muros. Pour remédier à la situation, l’Inspection générale des bibliothèques donne trois pistes principales de travail : l’assouplissement des conditions d’accès aux bibliothèques, la création d’une application permettant la géolocalisation des bibliothèques via les outils nomades avec indication en temps réel des places de travail disponibles, et la création de bibliothèques « de premier recours », équipées d’Internet et de collections papier de base, qui pourrait constituer une offre complémentaire de la bibliothèque classique. Elle formule aussi le vœu de créer une carte d’accès unique commune à toutes les bibliothèques nationales, universitaires, spécialisées et territoriales d’Ile-de-France, tout en précisant que ce vœu relève, pour l’instant, de l’utopie…
Véronique Heurtematte