Bande dessinée

Les États Généraux de la Bande Dessinée relancent une enquête auprès des auteurs

Les auteurs et autrices ont jusqu'au 19 octobre minuit - Photo EGBD

Les États Généraux de la Bande Dessinée relancent une enquête auprès des auteurs

Après une première édition en 2015, les États Généraux de la Bande Dessinée relancent une enquête en ligne pour dresser un état des lieux de la profession. Les auteurs et autrices ont jusqu’au 19 octobre à minuit pour répondre au questionnaire.

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Par Louise Ageorges
Créé le 17.09.2025 à 16h56

Dix ans après leur première édition, les États Généraux de la Bande Dessinée (EGBD) lancent une nouvelle enquête pour examiner la réalité actuelle du métier. Animée par Benoît Peeters, Denis Bajram et Valérie Mangin, et élaborée avec le sociologue Sylvain Aquatias, l’enquête en ligne s’attache à analyser les conditions de travail et la situation sociale des auteurs et autrices.

Le formulaire est anonyme est s'adresse à tous les bédéistes, « que vous soyez professionnels, amateurs ou étudiants » annonce l'EGBD dans son communiqué. 

Une photographie de la profession

Interrogé par Livres Hebdo, Benoît Peeters, auteur de bande dessinée et membre fondateur des EGBD, rappelle l’importance de cette démarche : « Il y a dix ans, l’enquête a été un choc : le contraste entre les chiffres globaux de la BD et la réalité individuelle des auteurs était frappant. Beaucoup vivaient dans la précarité, malgré un marché en apparence porteur. »

Pour l'auteur et spécialiste du 9e art, la situation a évolué : « Auparavant, il y avait un sentiment de colère ; aujourd’hui, c’est un sentiment de tristesse et de résignation. Nous observons une dégradation globale, notamment depuis le Covid. »

 

La nouvelle enquête suit le même modèle qu’en 2015, mais intègre des questions inédites, portant entre autres sur l’intelligence artificielle, les relations contractuelles et la situation sociale des auteurs : « Notre intuition est que la situation s’est aggravée, mais nous voulons des données précises et comparables. L’objectif est d’avoir une photographie de la profession à la fin 2025, qui sera ensuite analysée et restituée tout au long de 2026 », poursuit Benoît Peeters.

Vers une reconnaissance sociale

Marie-Paule Noël, du syndicat des travailleurs artistes-auteurs (STAA), souligne l’importance de cette mise à jour : « Personne ne se rend compte du statut des travailleurs de la BD. Cette enquête nous donne des données concrètes pour sensibiliser les institutions et défendre nos propositions. »

Cette initiative fait notamment écho au rapport Racine, commandé en 2019 par le ministre de la Culture de l'époque Franck Riester, qui avait présenté une mission prospective sur les activités de création : « Le rapport Racine nous avait apporté beaucoup d’espoir, mais il est resté lettre morte. Il y a une sorte d’inertie autour de ces questions », regrette Marie-Paule Noël.

Benoît Peeters insiste également sur la précarité du statut de bédéiste : « Un domaine de création, pour être attrayant pour les plus jeunes, doit pouvoir conduire à un métier ». Or, comme le rappelle Marie-Paule« auteur de BD n’est pas encore un vrai métier : nous ne touchons ni chômage, ni salaires fixes. »

Le syndicat souhaite d'ailleurs user des résultats de l'enquête pour appuyer ses propositions auprès des députés et sénateurs. Parmi ses revendication, le STAA travaille entre autres sur un projet de loi pour la continuité des revenus pour les auteurs et autrices de bande dessinées.

Une enquête essentielle pour le futur de la BD

Les EGBD visent à mettre en lumière la précarité persistante des auteurs dans un contexte économique de plus en plus tendu pour le 9e art. Benoît Peeters précise : « Le marché global de la BD a grandi, mais c’est un trompe-l’œil : individuellement, les ventes moyennes par album diminuent et ceux qui veulent développer une œuvre personnelle rencontrent de grandes difficultés. »

L’enquête, d’une durée d’une vingtaine de minutes, restera accessible aux répondants jusqu’au 19 octobre à minuit. Les organisateurs insistent sur l’importance d’une large participation, indispensable pour assurer la fiabilité des résultats, qui seront analysés par Sylvain Aquatias puis présentés lors de divers événements et festivals en 2026.

« Nous voulons que cette enquête soit exemplaire et qu’elle permette enfin une reconnaissance sociale réelle de ce métier créatif et indispensable à la culture », conclut Benoît Peeters. En 2015, les États généraux avaient recueilli plus de 1 500 réponses ; les organisateurs en attendent au moins autant pour cette nouvelle édition.

Pour remplir le questionnaire rendez vous : ici.

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