Ceux qui accordent les meilleures conditions à Amazon.co.jp sont privilégiés dans la promotion de leurs livres sur le site. Les plus généreux ont droit à une active campagne de publicité de leurs œuvres, avec des répercussions directes sur les ventes, ont expliqué cette semaine à l’AFP des éditeurs basés à Tokyo, confirmant les informations du quotidien. Aucun d’entre eux n’a toutefois accepté d’être cité.
Quelles que soient ses modalités, la méthode n’est pas nouvelle chez Amazon comme dans l’ensemble de la distribution, mais la pression du cybermarchand sur ses fournisseurs s’est accrue récemment.
Le Japon est le deuxième marché étranger pour Amazon, derrière l’Allemagne mais avant le Royaume-Uni. Exprimée en dollars, l’activité du groupe dans l’archipel a toutefois baissé de 2 % l’an dernier, à 7,6 milliards de dollars (5,8 milliards d’euros).
“De nombreux éditeurs sont en discussion avec Amazon pour renouveler leur contrat de deux ans, mais cette fois ils sont confrontés à de lourdes exigences de la part du groupe, qui a rapidement grossi ici”, a déploré l’un d'entre eux sous couvert d’anonymat, selon l’AFP.
“Les plus petits se voient demander d’accepter une augmentation des honoraires, ou alors leur contrat est tout simplement résilié. Ils sont poussés à la faillite”, a-t-il poursuivi, estimant comme nombre de ses collègues qu’Amazon abuse de sa position dominante sur le marché japonais. L’entreprise s'est refusée à tout commentaire.
D’autres éditeurs évoquent une forme de “chantage”. “Est-ce que les autorités de la concurrence vont commencer à se demander si Amazon Japon ne profite pas de sa position dominante sur le marché ?”, s’impatientait en juin dernier un responsable de la maison Bungeishunju SA.
La mise en cause de la brutalité des méthodes du cybermarchand a démarré au printemps aux Etats-Unis, continué en Allemagne avec une plainte des libraires, suivie par la Commission européenne, puis par une pétition des auteurs de langue allemande, soutenus par leur ministre de la Culture.
A Seattle, où Amazon a son siège, cette vague de protestions a soulevé la curiosité du quotidien local, le Seattle Times. Il enquêté sur le sujet en commençant par la France, pays de la loi “anti-Amazon”, où il a envoyé une équipe de jeunes reporters en librairies. Il y a deux ans, le Seattle Times avait aussi publié un long reportage sur la radinerie d’Amazon, qui participe peu aux diverses actions de philanthropie habituellement pratiquées par les grandes entreprises américaines.