Le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême (FIBD) va-t-il devoir changer son organisation ? Dans un communiqué publié mercredi 29 janvier, les éditeurs de bande dessinée du Syndicat national de l'édition « demandent instamment qu’un appel d’offres en bonne et due forme soit organisé à la prochaine échéance du contrat de 9e Art+ », la société en charge de la gestion de l'ensemble du budget (environ 6,5 millions d'euros en 2023) du plus important festival de bande dessinée de France.
Cette prise de position intervient en réaction directe aux révélations de l’enquête parue dans L’Humanité Magazine le 23 janvier dernier, concernant des dérives financières et des comportements inappropriés au sein de la manifestation. Celle-ci faisait notamment état d’une opacité financière entre 9e Art+ et Partnership Consulting, une société de conseil spécialisée dans la communication, la stratégie et le développement d'événements culturels dont la mission est de recruter des partenaires pour le FIBD, ces deux entités ayant été fondées par Franck Bondoux, directeur actuel du FIBD.
Selon L'Humanité Magazine, l'Association du festival, propriétaire de l'événement, est liée par un contrat de concession tacitement renouvelable d'une durée de 10 ans avec 9e Art+. Elle a jusqu'au mois de mai prochain pour dénoncer le contrat.
Dans un communiqué, le Syndicat des éditeurs alternatifs (S.E.A) a lui aussi demandé au FIBD de ne pas renouveler le contrat qui le lie à 9e Art+. « Un appel d’offre public devrait pouvoir permettre d’entendre d’autres propositions et, le cas échéant, de considérer une nouvelle candidature de 9 e Art+ à la condition qu’une transformation interne soit observée, que de nouveaux engagements soient clairement exposés et que des garanties à la hauteur des enjeux soient prises de part et d’autre », a notamment déclaré le S.E.A.
Des faits « extrêmement graves »
Les éditeurs BD du SNE qualifient les faits relayés par L'Humanité Magazine, dont une affaire de licenciement abusif d'une employée suite à sa plainte pour viol, « d’extrêmement graves ». Ils estiment que « cette affaire doit être traitée par toutes et tous avec la plus grande attention et la considération qu’elle mérite ».
Au cœur de l’événement, l'enquête secoue le monde de la bande dessinée. Un mouvement de manifestation en ligne a vu le jour à l'initiative d'autrices engagées, d'éditeurs indépendants et du mouvement #MeTooBD. Ceux-ci demandent notamment la démission de Franck Bondoux et de sa fille Johanna Bondoux, qui dirige 9e Art+.
De leur côté les éditeurs BD du SNE disent espérer « que cette nouvelle édition du Festival international de la BD d’Angoulême conservera son caractère festif dans l’intérêt du public et permettra de faire la promotion de ce genre éditorial » malgré un contexte « fortement dégradé ».