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Festival d'Angoulême : vers une S.A.S commune entre 9e Art+ et l'association fondatrice

Marguerite Demoëte et Fausto Fasulo, directeurs artistiques du FIBD 2025, lors de la conférence dévoilant la programmation de la 52e édition. - Photo EC

Festival d'Angoulême : vers une S.A.S commune entre 9e Art+ et l'association fondatrice

La société 9e Art+, qui organise le FIBD depuis 2007, envisage de créer un S.A.S commune avec l'association fondatrice du festival.  

Par Fanny Guyomard
avec AFP Créé le 07.04.2025 à 20h35

Menaces de boycott, accusations de « coup de force » : déjà contestée, la société 9e Art+ qui organise depuis près de 20 ans le festival de la BD d'Angoulême (FIBD) suscite l'inquiétude avec un projet qui, selon ses détracteurs, lui éviterait toute mise en concurrence.

Lors de la dernière édition, la société dirigée par Franck Bondoux avait été vivement critiquée après une enquête de L'Humanité magazine dénonçant des « dérives » commerciales ou le licenciement en 2024 d'une salariée peu après sa plainte pour viol. Le ministère de la Culture s'était dit « particulièrement interpellé » par des « dysfonctionnements ».

Projet de rapprochement 

Plusieurs voix avaient alors appelé à remettre en cause le contrat confiant la gestion du festival à 9e Art+ depuis 2007.

La société envisage désormais de créer une S.A.S commune avec l'association fondatrice du FIBD.

« Il s'agit d'un projet de rapprochement dans laquelle l'Association conserverait la propriété de l'évènement et aurait la possibilité de sortir de cette structure. Et nous conserverions la gestion de cet actif qui ne nous appartient pas et ne nous appartiendra jamais », a précisé Franck Bondoux vendredi à l'AFP.

Volonté de pérenniser 

Libération, qui a révélé jeudi ce projet, évoque un « coup d'État feutré » « qui donnerait les pleins pouvoirs » au directeur général de 9eArt+.

« Des fantasmes », balaie Franck Bondoux, affirmant avoir informé « depuis des mois » les partenaires publics du projet qui financent le festival à hauteur de 45%.

Ce qui est sûr, selon lui, c'est que « la tacite reconduction du contrat de concession (qui court jusqu'en 2027) sera dénoncée ».

« L'idée est de pouvoir pérenniser une structure qui pourra continuer à organiser le festival en ayant une plus grande légitimité: celle du propriétaire de l'évènement, et celle de l'organisation qui détient le savoir-faire », développe-t-il.

La présidente de l'association historique du FIBD, Delphine Groux, confirme aussi dans Charente Libre que cette piste sera « poussée jusqu'au bout » et n'envisage pas, pour l'instant, d'appel d'offres pour mettre en concurrence d'autres projets.

« Dans l'hypothèse où ce projet aboutirait, il y a une concession d'usage de la marque pour une durée limitée », restant à définir mais « inférieure à dix ans », précise M. Bondoux.

Possibilité de mise en concurrence

Et « si les discussions n'aboutissent pas, la possibilité d'une mise en concurrence peut parfaitement exister », insiste-t-il.

Jeudi, le Syndicat des Travailleur·euses Artistes-Auteur·ices (STAA), le collectif MeTooBD et la Ligue des auteurs professionnels, ont dénoncé dans un communiqué la « gestion opaque de la société 9eArt+ ».

Pour eux, la création de cette S.A.S. entraînerait « l'impossibilité de fait de repenser un FIBD digne de ce nom » et les pousserait à appeler « l'ensemble des travailleur·euses de la BD à boycotter le festival 2026 ».

Discussions bilatérales 

Contacté vendredi par l'AFP, le Syndicat national de l'édition, qui suit attentivement le dossier, n'a pas souhaité commenter à ce stade. Il avait exprimé en janvier sa « profonde préoccupation » et demandé « instamment qu'un appel d'offres en bonne et due forme soit organisé ».

De son côté, Franck Bondoux a appelé à « des discussions bilatérales en profondeur » avec tous les acteurs.

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