Polémique

En début de semaine, un communiqué de la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, dénonçait "des pressions croissantes de la part de groupuscules fédérés sur Internet par des mouvements extrémistes qui en appellent désormais à la lutte contre ce qu’ils appellent les bibliothèques idéologiques". Le communiqué précise que ces personnes "se rendent dans les bibliothèques de lecture publique, exercent des pressions sur les personnels, les somment de se justifier sur leur politique d’acquisition". L’Association des bibliothécaires de France (ABF) a réagi immédiatement, affirmant son soutien aux équipes et aux élus, rappelant la charte de déontologie de l’ABF par laquelle les bibliothécaires s’engagent à "favoriser la réflexion de chacun et chacune par la constitution de collections répondant à des critères d’objectivité, d’impartialité, de pluralité d’opinion". Les livres incriminés sont des ouvrages de littérature jeunesse, accusés d’être à "la gloire du genre", tels que La princesse qui n’aimait pas les princes d’Alice Brière-Haquet, illustré par Lionel Larchevêque (Actes Sud Junior, 2010). Une trentaine d’établissements sont concernés, et la liste s’allonge quotidiennement sur les blogs dont les animateurs se décrivent comme étant des "laïcs catholiques". Dans la plupart des cas les actions menées consistent à envoyer des mails aux responsables des bibliothèques pour leur demander d’expliquer la présence de certains ouvrages dans les fonds et parfois leur retrait, comme dans cet établissement d’une grande ville qui a reçu une trentaine de messages en une journée, auxquels il a répondu. Puis le phénomène est retombé rapidement. Les bibliothèques municipales de Rennes ont reçu un message auquel elles ont décidé de ne pas répondre. Dans plusieurs établissements, les personnels ont été préparés à faire face à d’éventuels comportements agressifs mais aucun incident n’a été relaté à ce jour. Une situation à surveiller, donc. V. H.

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