La Fédération européenne et internationale des librairies (EIBF) a présenté, ce vendredi 31 octobre, Journée internationale des Nations unies pour l’éducation aux médias et à l’information, sa charte sur l’intelligence artificielle.
En onze points, la Fédération y définit sa position et ses principes directeurs concernant l’utilisation responsable et éthique de l’IA, tant dans le secteur de la librairie que dans l’ensemble de l’écosystème du livre. Au cœur de ses priorités figurent la protection des droits d’auteur, l’éthique sociale et environnementale, ainsi que la transparence envers le consommateur.
Si l’EIBF reste vigilante face aux dérives potentielles de l’intelligence artificielle, elle reconnaît également sa capacité à faciliter le travail des libraires. Un constat que partageait déjà, en septembre 2024, l’Association des bibliothécaires départementaux interrogée par Livres Hebdo.
Un cadre européen déjà en place
Avec cette charte, la Fédération ne rejette donc pas l’IA, mais appelle à un cadre réglementaire clair, impliquant notamment la gouvernance de l’Union européenne, afin d’assurer « une mise en œuvre et une surveillance rigoureuses » des engagements prévus par la loi.
L’Union européenne a d’ailleurs adopté en août dernier son AI Act, qui renforce les exigences de transparence, notamment concernant les données d’entraînement des plateformes. Le texte accorde une place centrale aux droits d’auteur, les signataires s’engageant à identifier les contenus protégés et à éviter toute reproduction non autorisée d’œuvres.
Droits d’auteur et transparence
Présenté comme la pierre angulaire de l’écosystème du livre, le respect des droits d’auteur est au cœur de la charte. L’EIBF rappelle que le développement de l’IA dépend intrinsèquement de la création humaine : sans œuvres protégées, pas d’innovation possible. La Fédération insiste donc sur la notion de consentement, soulignant que les fournisseurs d’IA devraient obtenir des licences pour utiliser des œuvres protégées.
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Pour le consommateur, l’EIBF plaide pour une transparence accrue, particulièrement via la création d’un label standardisé à intégrer dans les catalogues, les plateformes de vente en ligne et les points de vente physiques.
Une éthique sociale et environnementale
La Fédération appelle également à un engagement écologique et social de la part des développeurs et fournisseurs d’IA, afin qu’ils respectent des normes équivalentes à celles des entreprises européennes du livre.
Elle rappelle la taille souvent modeste des structures du secteur, et demande que les investissements publics et les initiatives réglementaires garantissent des conditions équitables et uniformes pour tous les acteurs.
Préserver l’esprit critique
Enfin, la charte alerte sur l’opacité qui entoure encore aujourd'hui le développement de l’IA et sur les risques liés à sa surutilisation, susceptible d’affaiblir l’esprit critique. L’EIBF appelle ainsi à intensifier la recherche sur les impacts d’une utilisation croissante de ces technologies.
« Avec cette charte, l’EIBF réaffirme son engagement à promouvoir l’innovation tout en protégeant les droits des créateurs, en garantissant la transparence pour les consommateurs et en soutenant une industrie du livre compétitive et durable », déclare Fabian Paagman, président de l’EIBF. Nous sommes impatients de travailler avec nos partenaires du secteur du livre afin de défendre ces valeurs communes. »
En France, depuis le 2 juin 2025, les ministères de la Culture et du Numérique mènent jusqu’en novembre un cycle de négociations entre développeurs d’IA et ayants droit culturels, dans le but de concilier innovation technologique et respect du droit d’auteur et des droits voisins.
 

 
   
           
           
           
                                               
                                               
                                               
                                               
       
       
       
       
       
       
         
        