Mystique et passionné, Hermann Hesse ne pouvait que rencontrer François d’Assise. Le prix Nobel de littérature 1946, originaire d’une famille piétiste, consacra trois textes au Poverello, mais ils n’avaient jamais été traduits en français. C’est désormais chose faite par Jean-Louis Schlegel.
L’ensemble comprend une biographie du saint (1904) qui intègre les légendes et sa postérité, notamment dans les arts - "ce sont avant tout les artistes qui l’ont magnifiquement célébré" -, une analyse des Fioretti (1905) qui revient sur les étapes de son parcours religieux et une fiction (1919) à partir d’un épisode de son enfance où le jeune Giovanni Bernardone, qui n’est pas encore François d’Assise, rencontre un groupe de pèlerins. Le tout est complété par un essai de l’universitaire allemand Fritz Wagner sur la figure de François d’Assise dans l’œuvre d’Hermann Hesse, notamment Peter Camenzind, le récit de ce jeune montagnard solitaire qui descend à la ville pour apprendre la vie.
Dans ce triptyque franciscain, l’auteur du Loup des steppes exalte le rêveur, le héros et surtout le poète. François d’Assise est pour lui le vagabond heureux qui célèbre ses noces avec la pauvreté. Réelle ou rêvée, sa vie fut une source d’inspiration récurrente pour l’écrivain allemand. Ni travail historique, ni approche théologique, cela reste du Hesse avec son éloquence, son énergie, sa conviction chevillée aux mots et sa spiritualité simple que l’on aurait tort de prendre pour simpliste. Et, en lisant ces pages retrouvées, on saisit mieux pourquoi cet homme exemplaire a retrouvé une telle aura grâce au pape François. L. L.